Entre la direction de 2M et le PJD, c'est le «moi je t'aime, moi non plus» qui prévaut. L'arrivée des islamistes au gouvernement n'a rien changé à cet état des lieux. Bien au contraire. Elle leur donne, en effet, l'occasion de faire plier la chaîne de Ain Sebaâ et, au passage, régler quelques affaires en suspens. Par le biais du ministre de la Communication, ils comptent frapper les finances de 2M. Une première étape avant de frapper la direction de l'information. Un bras de fer s'annonce entre le ministre de la Communication et 2M. La raison : Les spots publicitaires des jeux de hasards ne sont pas du goût du PJDiste Mustapha El Khalfi. Ce dernier entend, bien, les supprimer. Il s'est exprimé, là-dessus, clairement, lors de l'examen du budget sectoriel de son département par les membres de la Commission de l'enseignement, de la culture et de la communication de la Chambre des représentants. Vendredi, le ministre a estimé que les recettes générées par 2M par ces spots ne dépassent guère les 25 millions de dh. El Khalfi a promis de combler ce vide laissé par cette interdiction. Comment ? Il ne l'a pas précisée, sachant que son ministère ne disposant pas de moyens financiers conséquents à même de lui permettre d'honorer ses engagements. 2M se pliera-t-elle aux dictats de El Khalfi ? Les jours à venir seront déterminants pour l'issue de cette affaire. Certes le ministre dispose d'une carte très importante à savoir : le cahier de charge de la chaine de Aïn Sebaâ. Le document vient d'être validé par le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle. Des sources au parlement avancent qu'apparemment, cette affaire serait résolue dans les jours à venir. Vendredi, devant les députés, le ministre a fait de l'adoption de cette mesure, une question personnelle, liant sa continuité à la tête du ministère de la Communication à la suppression des annonces publicitaires de Totofoot, Loto et autres produits phares de la Marocaine des jeux et des sports qui passent en boucle sur 2M. Qui contrôle la Marocaine des jeux et des sports ? Mais qui est la Marocaine des jeux et des sports ? La détermination affichée par le ministre de la Communication d'interdire les annonces publicitaires de ces produits sur 2M laissent sous-entendre que la MDJS est une société privé. Ce n'est nullement le cas. La MDJS a 50 ans d'existence. Créée en 1962, elle détient le monopole de l'organisation et de l'exploitation des concours de pronostics portant sur les compétitions sportives. Une simple visite sur son site nous apprend que nous sommes en face d'une entreprise publique «au capital de 5 millions de Dirhams détenu respectivement par le Trésor Public et la Caisse de Dépôt et de Gestion à hauteur de 90 % et 10 %». Outre le tour de table, cette société est placée sous la tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports. Son directeur est nommé en conseil des ministres donc requiert l'approbation du chef du gouvernement, donc de Abdelilah Benkirane, le chef du PJD. L'actuel directeur général de la MDJS est Younès El Machrafi, nommé à ce poste en novembre 2009. Il est en outre le gendre de Abbas El Fassi, l'ancien premier ministre et secrétaire général de l'Istiqlal, parti de la majorité gouvernementale. Partant de ces données la MDJS comme toutes les autres sociétés publiques n'a-t-elle pas le droit de faire la publicité de ces produits sur une chaine, de surcroît, détenue par l'Etat à hauteur de 70% ? Cette volonté de finir avec la réclame des jeux du hasard sur 2M n'est pas sans rappeler la campagne contre la vente d'alcool.