LA HAUTE AUTORITE DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE vient d'approuver les cahiers des charges de la SNRT et de 2M. La première impression que dégage la politique du ministère de la Communication est d'agir par diktat dans la forme et de préférer le quantitatif au qualitatif dans le fond. Mais c'est déjà le rajout d'un article qui en dit long sur la nouvelle ère. Le département de tutelle que dirige l'islamiste Mustapha El Khalfi a décidé en solitaire d'interdire toute publicité des jeux de hasard. Selon l'article 49 de la loi sur la communication, c'est au gouvernement que revient l'élaboration des cahiers des charges mais les ministres n'ont pas été invités à délibérer de cette décision qui a obéi au seul paradigme religieux s'apparentant à un début d'application de la charia. Le ministre porte-parole du gouvernement tente de s'en sortir par une pirouette : «les cahiers des charges, dit-il sans rire, appartiennent au peuple.» Il fallait alors les faire adopter par référendum populaire au lieu de recourir à la Haute autorité de la communication audiovisuelle, autorité autonome, à laquelle appartient, par la loi, leur approbation. Celle-ci n'est pas un acte passif et en laissant faire, la Haca a manqué… d'autorité. L'INTERDICTION DE LA PUBLICITE pour les jeux est un manque à gagner pour les chaînes publiques. Elle se fonde sur une grande tartufferie. Jouer au loto, gratter quelques cartes, parier sur totofoot nuiraient à la paix des ménages et à leur stabilité. Si réellement les jeux hard tels le poker ou la roulette représentent une sérieuse menace par les sommes qu'ils engagent et les addictions qu'ils provoquent, rien ne démontre la nocivité des jeux soft que commercialisent la Marocaine des Jeux et des Sports ou encore la Loterie nationale. Ces deux organismes publics représentent une recette non négligeable pour les caisses de l'Etat. Les paris que font les mordus ne sont que rarement importants et c'est dans la masse des joueurs que la MJDS et la Loterie nationale vont chercher leurs chiffres d'affaires et leurs marges. LE «CACHEZ-MOI CE JEU QUE JE NE SAURAIS TELEVISER» est aussi hypocrite que le «cachez-moi ce sein que je ne saurais voir» du Tartuffe moliérien. Interdire la publicité du jeu, autant interdire le jeu lui-même. Sachant que l'interdiction dans ces domaines n'a jamais rien réglé. Elle contraint seulement à la clandestinité et aggrave les risques. La consommation de l'alcool n'a jamais souffert de la prohibition, loin s'en faut. Tout comme le tabagisme n'a aucunement reculé devant les différentes mesures qui l'ont concerné. Certes, la mission de l'audiovisuel public, telle que la définit l'article 47 de la loi sur la communication, est d'assurer l'exécution de la politique de l'Etat dans ce domaine. Mais il n'est dit nulle part que l'Etat se réduit au seul gouvernement et moins encore à une seule composante de ce gouvernement.