Les annonces publicitaires de Totofoot, Loto, Chrono de la Marocaine des jeux et des sports ne seront plus diffusées sur la deuxième chaîne nationale 2M. La décision a été prise par le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, et validée par le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle, instance délibérante de la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle). La semaine dernière, cette instance a adopté cette décision qui figure sur le nouveau cahier des charges encadrant l'activité de la SOREAD-2M. Mustapha El Khalfi l'a annoncée lors de l'examen du budget sectoriel de son département par les membres de la Commission de l'enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants. Cette initiative d'interdiction des spots publicitaires des jeux de hasard sur 2M n'a pas manqué de susciter une vive polémique entre partisans et opposants. Des considérations religieuses ? Ses détracteurs critiquent les motivations de cette décision qui, selon eux, sont liées à l'idéologie islamique du ministre Pjidiste. « Non ! », rétorque Mustapha El Khalfi, dans une déclaration au Soir échos, avant de poursuivre : « L'objectif de cette interdiction est de protéger les valeurs familiales et la cohésion de la famille. Il est de la responsabilité de l'Etat de veiller à garantir cela. La Constitution est claire sur ce sujet. Dans son article 32, elle stipule que l'Etat œuvre à garantir, par la loi, la protection de la famille sur les plans juridique, social et économique, de manière à garantir son unité, sa stabilité et sa préservation. Il assure une égale protection juridique et une égale considération sociale et morale à tous les enfants, abstraction faite de leur situation familiale ». Une étude d'audience télé, poursuit-il, a démontré,que le nombre des spectateurs qui suivent ces spots publicitaires est très élevé et serait de quelque 900 000. Ces annonces publicitaires risquent de porter préjudice à l'éducation des jeunes. Pour El Khalfi, cette initiative a été entreprise pour se conformer à la loi en vigueur. « La décision d'interdiction des spots publicitaires des jeux de hasard fait partie d'un ensemble de mesures prises dans le cahier des charges de la deuxième chaîne, approuvé par le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle. J'invite ceux qui disent que les motivations de cette décision sont d'ordre religieux à faire une lecture globale du cahier des charges et non se limiter à cette mesure ». Selon El Khalfi, le cahier des charges encadrant l'activité de la SOREAD-2M interdit la diffusion d'images ou émissions qui portent atteinte à la moralité publique. « La chaîne ne doit pas non plus programmer des émissions qui incitent à la violence ou à la discrimination raciale, au terrorisme ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes en raison de leur origine, de leur sexe, de leur appartenance ou non à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ». Sauf que cette interdiction risque d'affecter les recettes de 2M. 25 millions DH en jeu L'enjeu financier est significatif. Selon El Khalfi, les recettes générées par 2M par ces annonces publicitaires des jeux de hasard s'élèvent à 25 millions de DH. Lors de son exposé devant la Commission de l'enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants, le ministre de la Communication a promis une alternative : « Ce sera décidé dans le cadre du contrat-programme qui lie 2M à l'Etat. La chaîne pourra proposer de nouvelles émissions qui seront validées par la suite », souligne El Khalfi. Contacté par Le Soir échos, la HACA a indiqué que « cette mesure relève de la politique publique du gouvernement qui est seul habilité à établir le cahier des charges. La HACA veille uniquement au respect des principes de la loi et des mécanismes de régulation de la communication audiovisuelle ». L'autre partie concernée par cette affaire d'interdiction est la Marocaine des jeux et des sports. Contactée à maintes reprises par la rédaction, la direction de cette institution publique n'a pas donné suite à notre requête. A noter que le cahier des charges entre en vigueur à compter de la date de sa publication dans le BO (Bulletin officiel).