Au cours de l'année 2011, les échanges commerciaux entre l'Algérie et les pays du Maghreb se sont considérablement intensifiés. Le Maroc arrive en tête du classement des clients maghrébins de l'Algérie. Les spécialistes considèrent cependant que les résultats pourraient être meilleurs. Au cours de l'année 2011, il n'y a pas seulement eu plus de visites ministérielles et d'échanges politiques entre le Maroc et son voisin algérien. Les échanges économiques aussi se sont appréciés. Avec plus de 936 millions de dollars soit 709 millions d'euros, les transactions entre les deux pays ont augmenté de 23,8% par rapport à l'année 2010, selon Le Matin. Par ailleurs, le Royaume est le deuxième fournisseur de l'Algérie après le Tunisie, devant la Mauritanie et la Libye. Il a exporté en Algérie pour 240,3 millions de dollars soit 182 millions d'euros. L'annonce a été faite par la douane algérienne dimanche 4 février suite à la publication des chiffres du centre national de l'informatique et des statistiques sur les échanges commerciaux entre l'Algérie et les pays maghrébins. Si les échanges avec le Maroc ont considérablement grimpés, il n'en est pas de même avec tous les pays de la région, en l'occurrence la Lybie. Ce dernier a vu ses échanges avec l'Algérie chuter de 193%, passant d'environ 57 millions de dollars en 2010 à 11,41 millions de dollars en 2011. Un tableau détaillé de ces échanges présente une baisse de 228,3% pour les importations de l'Algérie et 169,46% pour ses exportations. Malgré la révolution tunisienne, les échanges Tunisie-Algérie sont restés généralement stables, avec 402 millions d'euros. La Mauritanie, quant à elle, enregistre le plus faible volume d'échanges avec l'Algérie avec près de 661 000 dollars. Globalement, les échanges de l'Algérie avec les pays du Maghreb ont connu une hausse de 18,14% en 2011, totalisant 2,16 milliards de dollars. «Insignifiant» Le Maroc est le premier client de l'Algérie, au sein de la région du Maghreb, mais l'économiste Najib Akesbi, contacté par Yabiladi, considère que ces résultats pourraient être meilleurs. «Ce sont des chiffres officiels. Il y a un commerce transfrontalier qui n'est pas enregistré par la douane. Il s'agit de la contrebande. Le commerce officiel reste insignifiant. Il est vrai, toutefois, que ces résultats peuvent signifier qu'en dépit de la fermeture des frontières, il existe des échanges entre les deux pays», indique M. Akesbi. Pourtant, comme le faisait remarquer Affaires-Stratégiques.info, les études du FMI prouvent que les économies des pays maghrébins en général et de l'Algérie et du Maroc en particulier, sont très complémentaires. D'un côté l'Algérie, gros producteur de pétrole mais qui souffre d'un manque de diversification de son économie alors que ses voisins ont réussi cette démarche. De l'autre, le Maroc qui continue d'acheter son pétrole en Arabie saoudite et en Iran plutôt que chez le voisin algérien. Pour M. Akesbi, «ce qui est curieux c'est que si le Maroc importait plus de pétrole d'Algérie, la facture pourrait être beaucoup moins chère, tandis que la facture pétrolière du Royaume s'élève à plusieurs milliards de dirhams». Le Maroc importe essentiellement son pétrole du Koweit et d'Arabie Saoudite. Le royaume a enregistré en 2010 une facture annuelle de 59,1 milliards de dirhams selon le ministère de l'Energie. Selon Najib Akesbi, «c'est évident que le Maroc a d'énormes potentialités d'exportations vers l'Algérie et l'Algérie a le pétrole», mais encore faudrait-il que le problème de la frontière soit résolu. Récemment, au sommet de l'Union africaine (UA) comme à la rencontre à Rabat et à Rome, les chefs de la diplomatie maghrébine, les pays de l'UMA ont fait montre de leur volonté de renforcer leurs relations. Abdelaziz Bouteflika, le président algérien, a même parler de la «réalisation de l'unité du Maghreb arabe» comme un «impératif vital et pressant», l'ouverture de la frontière proprement dite, n'est toujours pas directement abordée.