Nouveau coup médiatique encore autour du Front National. Une journaliste s'est infiltré au sein du parti sous une fausse identité et a recueilli les secrets les mieux gardées du parti français d'extrême droite. Elle publie «Bienvenue au Front – Journal d'une infiltrée» le 27 février. Un parti, selon elle, islamophobe et raciste. Détails… Alors que le feu de la polémique sur le halal n'est même pas encore éteint, voilà que des révélations sur les dessous du Front National défraient la chronique, depuis mardi 21 février et les publications de Mediapart. La journaliste Claire Checcaglini publiera, le 27 février, «Bienvenue au Front – Journal d'une infiltrée». Elle relate le fond du parti d'extrême droite, ce que monsieur tout le monde et mêmes les journalistes ne peuvent pas atteindre. Pour mener à bien son investigation, Claire Checcaglini est devenue «écrivain public» et a adhéré au FN via internet sous le pseudonyme de Gabrielle Picard. Elle a très vite gravi les échelons au sein du parti, parce que, dit-elle, «ma fausse personnalité avait le profil qui les a intéressée». Pendant huit mois, elle ainsi pu décrypter le profil des militants et des cadres du parti de Marine Le Pen. Pourquoi aller jusque là ? «J'ai voulu prouver que cette 'dédiabolisation' du FN était fausse». Un parti purement islamophobe «L'Islam, l'islamophobie… c'est un thème qui revient systématiquement à toutes les réunions. C'est un réflexe ! […] Même si le thème traité n'a rien à voir, il y aura toujours quelqu'un pour en parler. […] C'est presque pire que le racisme ordinaire, c'est un racisme obsessionnel contre les musulmans», raconte-t-elle à France Info. En cuisine interne, l'on étale sans limite ses convictions islamophobes et ça ne dérange personne. Cependant, quand il faut s'adresser aux Français, «nous sommes en campagne...», avertit alors la vice-présidente du FN, dans un mail destiné à freiner les ardeurs de l'un de ses responsables sur «l'islamisation» que cite Claire Checcaglini dans son livre. D'après la journaliste, toute la politique FN déployée au début de la campagne qui consistait à plaire à l'électorat arabe et musulman de France n'était qu'une façade. Claire Checcaglini rapporte dans son livre les propos de Marine Le Pen au sujet de sa politique pour les élections : «[…] voilà la stratégie. Nous n'aurons jamais les voix des musulmans, c'est une cible que je n'ai pas. Si je caresse l'islam dans le sens du poil de temps en temps, ce n'est pas pour eux, c'est pour les Français qui croient encore, ces cons-là, que l'islam est une religion. Ces gens-là, je ne veux pas perdre leur électorat. Si je dis que l'islam n'est pas fréquentable, que c'est la pire des choses, ils me traiteront de raciste et ne voteront pas pour moi.» Ayant des préjugés avant son intégration au FN, Claire Checcaglini affirme qu'ils se sont confirmés tout au long de son séjour au sein du parti. L'immertion de la journaliste au Front national n'est pas une première. Anne Tristan, journaliste française, avait infiltré, en 1984, le parti frontiste. Sylvain Crépon, chercheur à l'université Paris Ouest Nanterre, a également mené ses investigations et en publiera les résultats le 1er mars prochain : «Enquête au cœur du Front national». Le Pen contre-attaque Marine Le Pen a décidé de porter plainte contre la journalisten rapporte Le Parisien. «Elle met dans la bouche de Marine Le Pen des propos que celle-ci n'a évidemment jamais tenus. (…) Imputer à Marine Le Pen d'avoir prétendument exprimé des propos que cette pseudo-journaliste rapporte est diffamatoire à l'égard de Marine Le Pen, qui se voit contrainte d'engager une procédure. Cette procédure fera valoir au surplus que les accusations insanes n'ont été permises que par une authentique tricherie déconsidérant et salissant le métier de journaliste», clame son avocat, Wallerand de Saint-Just dans un communiqué. Selon Me Saint-Just, Claire Checcaglini, a employé «un misérable procédé […] en violation des règles premières de la déontologie des journalistes, elle tente de dénigrer le Front national.» Même si Claire Checcaglini met à nu l'islamophobie du parti d'extrême droite, le Conseil du Culte Musulman de France (CFCM) préfère se tenir loin de la polémique. «Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes en pleine campagne présidentielle. Cette période est sensible. Des déclarations, des révélations, il y en aura encore. Notre institution souhaite que tout ce qui concerne l'islam soit exclu des débats. Nous préférons laisser passer la polémique sans la nourrir. Nous attendons le temps le plus propice à la discussion», confie à Yabiladi Mohamed Moussaoui, président du CFCM. «On en a assez de la diversion et faire des musulmans les boucs émissaires. Nous refusons cette instrumentalisation de l'islam à des fins politiques. Les musulmans ne sont pas le problème des Français. Les préoccupations des Français sont d'ordre économique et social», a-t-il martelé. Si le CFCM pense qu'il faut éviter tout commentaire qui alimenterait davantage la polémique, Nabil Ennasri, doctorant à l'Université de Strasbourg et étudiant en théologie musulmane, adresse une lettre à ses concitoyens musulmans tentés de voter Marine Le Pen. Il rappelle l'histoire du parti, ses convictions et précise que rien n'a changé. Pour Nabil Ennasri, il n'est pas question de favoriser un parti au détriment d'un autre, mais de dire la vérité.