Quand il avait dix ans, Najib Ben Ayad a fait un vœu : devenir un professionnel de Santé aux Pays-Bas. Un rêve devenu réalité quelques années plus tard grâce à sa détermination et son dévouement. Najib Ben Ayad rêvait de travailler dans un hôpital alors qu'il n'avait que dix ans. Debout devant cette fontaine à proximité d'un hôpital cardiaque, alors que sa nièce subissait une opération critique, il avait jeté une pièce de monnaie et fait un vœu. «Je me tenais là en espérant pouvoir un jour aider les personnes dans le besoin pour des traitements médicaux et travailler dans ce même hôpital», se souvient-il. Ce jour-là, Najib était déterminé. Et le destin lui a offert une belle opportunité avec le déménagement de ses parents vers les Pays-Bas. Né dans un petit village entre Tanger et Tétouan, le père de Najib, qui travaillait dans la construction à Tétouan et Tanger, a été approché par une entreprise de textile néerlandaise qui avait besoin de recruter des travailleurs… costauds. Une amusante histoire familiale «Lors de l'entretien, mon père s'est retrouvé à faire la queue avec 600 hommes alors que l'entreprise ne recherchait initialement que 40 travailleurs», raconte le Néerlando-marocain. «En se tenant là, mon père a remarqué que les hommes qui sortaient de la pièce où le patron les avait interviewés étaient tous déçus. Un de ses amis se trouvait également là et lui a dit qu'à l'intérieur, un grand néerlandais leur donnait la main pour la serrer, puis les tirait vers lui ; s'ils tombaient, ils n'étaient pas choisis», se souvient-il. Le père de Najib, travaillant dans la construction depuis des années, s'est donc fait un plan pour réussir cette interview. «Quand mon père est entré, il a pris la main du Néerlandais et l'a tirée jusqu'à ce qu'il tombe», confie le perfusionniste clinique, amusé. Son père a été alors immédiatement sélectionné et dès le lendemain, il était dans un avion pour les Pays-Bas. Un an plus tard, le père de Najib amène ainsi le reste de la famille. «A l'époque, mon père savait que nous devions étudier dur ou travailler sur nos talents si nous en avions un en premier lieu», ajoute le Néerlando-marocain. «J'ai réalisé que je n'avais pas de talent comme Cristiano Rolando mais je devais étudier. Ma sœur étudiait déjà pour travailler à l'hôpital et je voulais aussi devenir médecin.» Najib Ben Ayad Mais son parcours pour devenir un professionnel de Santé n'a pas été facile. L'un des obstacles auxquels il a fait face est le découragement. «A l'école, quand j'avais 12 ans et je devais choisir une filière, l'enseignant a dit quelque chose qui m'a marquée pendant des années», se rappelle-t-il. «Quand j'ai répondu que je voulais devenir médecin, le professeur a commencé à rire et a dit que je devais choisir autre chose de plus basique et simple car je suis Marocain.» Ces mots étaient durs et décourageants pour Najib mais il est resté déterminé à atteindre son objectif. Au cours de ses études, le Marocain a fait un stage dans un laboratoire où il a pu se perfectionner dans l'analyse sanguine. Il étudie ensuite l'ingénierie des maladies du sang. L'un des rares perfusionnistes aux Pays-Bas Najib Ben Ayad a commencé à travailler dans les hôpitaux, faisant des recherches dans des laboratoires sur la génétique. Un jour, il a visité le service de cardiologie de son hôpital et il est tombé sur des perfusionnistes cliniques qui travaillent avec de grosses machines cardiaques et pulmonaires. Il s'est ainsi renseigné sur ce qu'ils faisaient et a posé des questions sur leur spécialité rare. «On m'a dit que si je veux faire de même, je devrai étudier la circulation sanguine et c'est exactement ce que j'ai fait en décidant de me spécialiser encore plus dans cette branche», déclare-t-il. Parallèlement à ses études à l'université de Leiden, le Néerlando-marocain passe aussi un stage dans l'un des hôpitaux qui offraient la même spécialité. Le hasard faisant bien les choses, c'était le même établissement où sa nièce s'est faite opérée il y a quelques années. «Après avoir terminé mes études, j'ai commencé à travailler dans le même hôpital pendant mon internat. J'y ai travaillé pendant cinq ans et l'une de mes dernières interventions effectuées, a été celle de ma nièce née dans cet hôpital.» Najib Ben Ayad Des années plus tard, Najib a été approché par une entreprise qui opère la circulation extracorporelle pendant la chirurgie cardiaque. «J'étais le plus jeune perfusionniste clinique aux Pays-Bas. Maintenant je travaille avec eux et nous intervenons dans 3 000 chirurgies cardiaques dans deux des plus grands hôpitaux du pays», déclare-t-il fièrement. À la fin de sa spécialité à l'université, on lui a également demandé de devenir professeur. Maintenant, Najib Ben Ayad est l'une des quelques centaines de perfusions cliniques aux Pays-Bas qui opèrent avec des machines cardiaques et pulmonaires lors des chirurgies. Il est aujourd'hui l'un des deux Marocains aux Pays-Bas avec la même spécialité et le seul perfusionniste clinique travaillant dans trois hôpitaux de chirurgie cardiaque différents.