Un mois et demi après la nomination du gouvernement masculin de Benkirane, la problématique de l'approche genre dans les politiques reste d'actualité. Le gouvernement masculin d'Abdelilah Benkirane continue d'irriter les uns et d'en choquer tant d'autres. En effet, suite au sit-in organisé la semaine dernière devant l'enceinte du parlement marocain, un tohu-bohu médiatique a dépassé les frontières du pays et a même réussi à interpeler l'attention d'une commission pour l'équité au sein de l'ONU. Aussi, tout récemment, le ministère du Développement de la Famille et de la Solidarité a-t-il (lui-même) lancé un S.O.S pour la mise en œuvre de la parité et l'approche genre dans les politiques, programmes et projets de développement. Pour la promotion des droits des femmes, de l'approche genre et de l'égalité des chances, le ministère a tracé des axes stratégiques : «Les besoins et les préoccupations des femmes doivent être pris en considération dans toutes les politiques, programmes et projets de développement afin de réduire les inégalités de genre dans toutes les composantes spécifiques de la population et d'assurer les bases de la justice sociale», apprend-on dans un communiqué du ministère de Bassima Hakkaoui, seule femme du gouvernement Benkirane. Les associations s'insurgent Quoi qu'il en soit, la procédure de l'intégration de l'approche genre se doit d'être applicable. Une procédure qui, selon Houdna Bennani, présidente de l'ADFM Casablanca (Association démocratiques des femmes du Maroc) ne pourrait pas porter ses fruits dans un avenir proche. «J'ai participé à ce sit-in au même titre que des dizaines de représentantes d'ONG féminines du Maroc. Cependant, nous ne comptons pas sur des promesses de programmes, mais nous voulons qu'ils soient appliqués dans l'urgence. Une seule femme au sein du gouvernement c'est même anticonstitutionnel» lance Houdna, faisant allusion à l'article 19 de la nouvelle constitution qui stipule «l'homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental». Et d'ajouter: «l'ONU doit pousser le nouveau gouvernement à proposer, dans les plus brefs délais, une loi organique qui remettra en question la mise en œuvre de la parité des sexes dans les politiques et dans les programmes gouvernementaux.» De son côté, la ministre du développement de la famille et de la solidarité envisage de contribuer à l'élimination des disparités de genre dans tous les domaines. De plus, un plan d'orientation des programmes et actions des départements ministériels, des associations et du secteur privé pour l'intégration de l'aptitude genre dans leurs plans d'action. Ceci est dans le but de consolider le rôle de coordination du ministère du Développement dans le domaine des droits des femmes. Quant aux militantes féministes, elles revendiquent plus concrètement l'accès des femmes aux postes de responsabilités et de décision, la promotion de l'entreprenariat féminin des marocaines d'ici et d'ailleurs et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et des petites bonnes.