Les habitants de Taza n'ont pas fermé l'œil de la nuit du 1er au 2 février. En cause, de violents affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre. La ville de Taza était sens dessus dessous hier. Des caillasses éparpillées dans la rue, les véhicules endommagés de la police, la population dispersée de part et d'autre, on y reconnaît essentiellement des jeunes hommes. Les manifestants n'ont pas reculé devant la police. Ils n'ont pas hésité à jeter des pierres aux forces de l'ordre. Selon nos sources à Taza, les protagonistes seraient allés jusqu'à couper la route nationale numéro 6 pendant 2h il y aurait eu 12 arrestations et le nombre de blessés reste pour l'instant inconnu. Selon nos sources, les manifestants revendiquaient la libération des cinq jeunes hommes arrêtés lors d'une manifestation au quartier populaire de Koucha. On se souvient de cette manifestation violente qui a fait pas moins de 30 blessés le 5 janvier dernier. «C'est devenu une habitude de voir les gens manifester ainsi. Ceux d'hier veulent la libération de leurs amis. Les jeunes revendiquent en général pour les raisons que nous connaissons très bien : le chômage. Ce sont des revendications qui devraient être entendues», déclare à Yabiladi la présidente de l'AMDH, Khadija Riyadi. Contagion ? Selon une source de Karim Tazi, les affrontements de Taza seraient un prolongement d'une manifestation dans le quartier populaire de Koucha et se sont ensuite étendus sur toute la ville. Les forces de l'ordre auraient utilisé des «gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc» pour disperser les manifestants. «Les habitants du quartier défavorisé de Koucha, en colère contre des factures eau/électricité jugées trop élevées se sont joints aux diplômés chômeurs qui manifestaient en solidarité avec trois d'entre eux arrêtés et jugés au titre des évènements du 4 janvier. Quant aux habitants de l'ancienne médina, au début neutres et spectateurs de ces affrontements, ils se seraient solidarisés de ceux de Koucha après avoir été victimes de méthodes de dispersion trop musclées de la part des forces de l'ordre», explique M Tazi. Les forces de l'ordre seraient entrées dans de nombreuses maisons dans l'ancienne médina. Des dérapages dans la violence auraient été enregistrés des deux côtés. Cette manifestation violente succède à une autre plutôt pacifique il y a quelques jours, lors de laquelle le procureur de la ville était intervenu. Pour Mohamed Darif, ces «mouvements sociaux» devraient prendre une «dimension nationale», déclarait-il hier à Yabiladi.