Une autre journée noire à Taza. Près de douze heures de violents affrontements entre citoyens et forces de l'ordre ont eu lieu, ce mercredi 1er février 2012. De 14h30 à 2h00 du matin environ, les rues des quartiers Koucha et Aharrach ont été la scène d'une confrontation sans merci. De sources proches de l'AMDH, près de 90 membres des forces de l'ordre ont été évacués à l'hôpital, alors que des dizaines de blessés parmi les citoyens ont préféré se soigner de manière traditionnelle chez eux, de peur d'être arrêté. Que s'est-il passé pour en venir là ? Cinq personnes dont un mineur allaient être déférées ce mercredi devant le procureur du roi près le tribunal de la première instance de Taza, sur fond des événements du 4 janvier dernier. Les habitants de beaucoup de quartiers de la ville se sont foulés devant le tribunal en signe de solidarité. Après avoir reporté l'audience, libéré la personne mineure et refusé la liberté provisoire pour les quatre autres détenus, une manifestation s'est organisée vers la cour d'appel de la ville, puis pris la direction du quartier de Koucha. Arrivés vers le coup de 14h00 à ce quartier auquel appartiennent les détenus, les affrontements vont avoir lieu. Jet de pierres contre bombes lacrymogènes. Les renforts ne vont commencer à venir que vers la fin de l'après-midi. Selon les observateurs, ces incidents étaient prévisibles, puisque les problèmes à la base des deux précédentes émeutes n'ont pas été réglés. Et le pire, c'est que le ministère de l'intérieur semble ignorer les doléances des gens, surtout pour ce qui est du départ du gouverneur, revendication fortement exprimée par les manifestants et la révision des factures de l'ONE. Des rumeurs circulant jeudi dans la ville parlent, dans ce cadre, de la démission du directeur de l'ONE de= ses responsabilités, mais rien n'est encore confirmé. Les autorités centrales se trouvent, en fait, devant une rude épreuve, ou préserver un soi-disant respect de l'Etat ou satisfaire la demande populaire croissante.