La ville de Taza a connu une journée très mouvementée ce mercredi 4 janvier. De violents affrontements ont opposé les forces de l'ordre à des jeunes de la ville, faisant au moins une trentaine de blessés des deux côtés. La situation a dégénéré lorsque des diplômés chômeurs en sit-in, ont été rejoints par des habitants d'un quartier populaire et par des étudiants en grève. Le calme est de retour ce jeudi matin, mais la tension reste palpable dans la ville. Scènes de révoltes ce mercredi 4 janvier dans la ville de Taza. Au moins 30 personnes ont été blessées, dont 5 cas graves, lors des violents affrontements ayant opposé les forces de l'ordre à des jeunes de la ville. A en croire Mohamed Chiabry, président de la section locale de l'Association marocaine de défense des droits de l'Homme qui donne ce bilan, «il y a beaucoup plus de blessés, car de nombreuses personnes blessées ont eu peur d'aller se faire soigner à l'hôpital». La plupart des hospitalisés, a-t-il déclaré à Yabiladi.com, sont des agents des forces de sécurité qui faisaient face aux manifestants. «Une estafette en panne a été incendiée, et son chauffeur malmené par les jeunes», raconte le président de local l'AMDH qui parle aussi du cas «d'un jeune heurté par un véhicule de la police qui a foncé sur la foule pour tenter de disperser les manifestants» et de «deux jeunes isolés qui ont été matraqués» à volonté par les policiers. Des scènes d'émeutes qui se sont déroulées durant une bonne partie de la journée d'hier à Taza et déclenchées par des sit-in de diplômés chômeurs. Vers 11h, des membres d'une association de diplômés chômeurs manifestaient dans le quartier administratif de Taza alors qu'un autre groupe se faisait entendre devant le siège de la province de la ville. Ces derniers, à l'instar de leurs camarades dans plusieurs villes du royaume, ont voulu occuper le bâtiment public, entrainant l'intervention des forces de l'ordre. «C'est lorsqu'une femme enceinte parmi les manifestants a été violentée par la police que les hostilités se sont vraiment déclarées», narre Mohamed Chiabry. Les échauffourées gagnent alors le quartier populaire de Koucha (nouvellement dénommé Taqqadoum) dont les habitants se plaignent depuis plusieurs jours de la cherté des factures d'eau et d'électricité. Dans ce quartier où «les gens estiment n'avoir rien à perdre en raison de leurs conditions de vie [chômage des jeunes et précarité], une femme a même dit à son enfant d'aller porter un coup de main aux jeunes qui affrontaient la police», rapporte Chiabry. Les étudiants de la faculté, en grève, ont également grossi les rangs des protestataires dans la soirée, en plus d'avoir bloqué la circulation sur l'axe Fès-Oujda. «Il faut trouver des solutions aux problèmes des jeunes et aux habitants des quartiers populaires», conseille le représentant de l'AMDH, qui parle de «violations des droits de l'Homme» et de «violences des deux côtés [police et manifestants]» à Taza. «Les citoyens ont le droit de manifester, mais la violence n'est pas admise», rappelle-t-il. Ce jeudi, les diplômés chômeurs avaient promis d'organiser une nouvelle manifestation, face aux renforts de policiers dépêchés sur la ville. La tension reste vive à Taza, même si dans la matinée, la situation était encore calme.