Six ans après son lancement par les parlementaires du PAM et l'Istiqlal, le débat sur la légalisation du cannabis refait surface. Le gouvernement El Othmani se prépare à examiner les propositions de loi du PAM portant sur une «amnistie générale au profit des agriculteurs de cannabis» et la «légalisation de la culture du cannabis». La première proposition avait été déposée en 2014 par le groupe des conseillers du parti, alors que la deuxième portait la signature de ses députés en 2015. Une réunion en ce sens est programmée le 8 janvier entre le ministre de la Justice, Mohamed Ben Abdelkader, et des hauts cadres du Tracteur, a indiqué le conseiller parlementaire Larbi El Mharchi sur les réseaux sociaux. Celui-ci s'est félicité que l'exécutif ait fini par accepter de débattre des deux initiatives législatives de son parti. Après le retrait d'Ilyas El Omari du parti et de la présidence de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, El Mharchi a été chargé de ce dossier. Depuis, il multiplie les déclarations aux médias nationaux et internationaux sur ce sujet. Quid de l'Istiqlal ? Une annonce qui devrait susciter des grincements de dents dans les rangs de l'Istiqlal, voire même plus. Il est lieu de rappeler que les élus de la Balance ont été les premiers à demander, dans une proposition de loi soumise fin décembre 2013 à la Chambre des représentants, la dépénalisation de la culture du cannabis dans cinq régions : Al Hoceima, Chefchaouen, Ouezzane, Tétouan et Taounate. Un projet lancé dans le sillage de la journée d'étude organisée le 4 décembre par les deux groupes du PAM au Parlement, en coordination avec la Coalition marocaine pour l'usage médical et industriel du kif, sur la légalisation de la plante. Cette journée d'étude avait été placée sous le thème : «Le rôle positif de la plante du kif dans la création d'une économie alternative». Depuis, le PAM a pris une nette longueur d'avance sur l'Istiqlal au point de s'imposer comme le véritable défenseur de la légalisation de la culture de la plante et de l'amnistie générale au profit des petits agriculteurs. Ce regain d'intérêt pour ce dossier intervient alors que des milieux, financiers et politiques, font campagne pour une introduction du kif et surtout de son argent dans le circuit légal. En témoigne la position défendue par le président du groupe des députés de l'Istiqlal, en novembre dernier à la Commission des finances à l'occasion de l'examen du projet de Loi des finances 2020 en présence du ministre Mohamed Benchaâboun. Ils souhaitent que les expériences de l'Uruguay et du Canada ainsi que dans certains Etats des Etats-Unis puissent servir de modèles au Maroc.