L'année 2019 marque un tournant dans la fulgurante ascension politique d'Aziz Akhannouch. Pour la première fois, le président du RNI a été contraint de défendre son bilan à la tête du ministère de l'Agriculture et la Pêche juste après les critiques de la Cour des comptes. Le 29 octobre 2016, Aziz Akhannouch est élu président du RNI à l'issue d'un congrès extraordinaire. Une élection qui intervenait seulement trois semaines après les législatives du 7 octobre. Depuis, sa direction du parti a été jalonné de succès. En trois ans d'exercice, il a réussi à redonner vie à une formation, réputée pour être une redoutable machine électorale mais sans qu'elle ait aucune présence sur le débat sociétal et politique au Maroc. Une fois qu'il a mis en place les organisations des jeunes et des femmes, longtemps ignorées par ses prédécesseurs, il a réactivé les autres structures du parti. Cette dynamique s'est traduite par les victoires des candidats du RNI lors d'élections partielles dans plusieurs circonscriptions au Maroc. Fort de ces bons résultats, Aziz Akhannouch s'est lancé un nouveau défi : occuper la première place du podium lors des élections législatives de 2021. Aussi, il a multiplié les critiques, à l'occasion de meetings tenus dans différentes villes, contre la gestion de ses «alliés» au sein de la majorité gouvernementale, principalement aux ministères de la Santé, de l'Emploi et de l'Enseignement. Un élan stoppé net L'embellie n'a pas duré longtemps. Le mois de septembre 2019 marque un tournant dans l'ascension fulgurante d'Aziz Akhannouch. Une fois n'est pas coutume, son Plan Halieutis a été la cible d'observations de la part de la Cour des comptes, une institution si influente à tel point qu'elle a été à l'origine du limogeage de quelques ministres en 2017 et 2018. Le rapport des magistrats de Driss Jettou a pointé des «dysfonctionnements» dans ledit programmé lancé en 2009. Et pour la première fois, le président de la Colombe a été contraint de mettre en sourdine sa stratégie offensive pour se consacrer exclusivement à défendre son bilan. Le 20 septembre, le bureau politique du RNI lui apporte son soutien et par la même occasion décoche une flèche en direction de la Cour des comptes en appelant à «la protection de l'indépendance des institutions constitutionnelles contre toute récupération politique ou une implication dans des conflits étroits pour servir une partie au détriment d'une autre». Une semaine plus tard, c'est au tour des professionnels de la pêche de couvrir d'éloges le bilan d'Halieutis. Malgré ses propres explications et la campagne de solidarité avec sa gestion du ministère de l'Agriculture et de la Pêche, les critiques de la Cour des comptes alimentent encore les attaques menée, parfois conjointement, contre lui par le PJD et le PAM notamment dans les deux Chambres du parlement. Aziz Akhannouch parviendra-t-il à rebondir en 2020, une année cruciale pour l'avenir de ses ambitions légitimes de présider le prochain gouvernement ? Les élections partielles prévues dans quelques mois suite à l'annulation de la Cour constitutionnelle de l'élection de certains parlementaires auront valeur de test pour le président de la Colombe.