Il y a deux années, Aziz Akhannouch était présenté comme le grand bénéficiaire de la crise qui secouait le PAM. Avec l'alliance entre le PJD et le Tracteur, c'est l'avenir de la toute jeune carrière politique du président du RNI qui est en jeu. Le projet d'alliance qui se dessine entre le PJD et le PAM menace-t-il les ambitions politiques d'Aziz Akhannouch qui vise la pole position aux élections législatives de 2021 et diriger ainsi le prochain gouvernement ? «Au RNI, ce rapprochement entre deux formations se déclarant 'ennemies' est une réelle menace dirigée contre notre président», reconnait sous couvert d'anonymat une source au sein du parti de la Colombe, contacté par Yabiladi. Mais il tient à nuancer la capacité de nuisance de cette possible alliance. «Le mariage entre les islamistes et un courant du PAM ne présente pas un danger pour l'avenir du RNI. Depuis sa création en 1978, notre parti n'a jamais prétendu présider une équipe gouvernementale», tente-t-il de relativiser. Et comme pour préparer l'eventuel échec qu'elle a elle-même reconnu, notre source circonscrit les ambitions gouvernementales à la seule personne d'Aziz Akhannouch. «Ce n'est qu'avec l'élection de M. Akhannouch en octobre 2016 que l'objectif de prendre la tête dugouvernement a été mis en avant et ensuite amplifié.» Source au sein du RNI Et de rappeler que «même avec l'éphémère G8 (créé à la veille des élections législatives de novembre 2011 par huit formations, ndlr), le RNI ne nourrissait pas de telles ambitions». Akhannouch joue-t-il à quitte ou double ? «Les prémices de la menace pesant sur la toute jeune carrière politique de notre président ne date pas de cette proximité entre le PJD et le PAM. Elle a commencé avec les observations de la Cour des comptes concernant le programme d'Halieutis», affirme notre interlocuteur. «Pourquoi attendre que le plan, lancé en 2009, soit sur le point de terminer sa première phase de dix ans et d'en débuter une nouvelle pour pointer ses dysfonctionnements et les étaler sur la place publique ? Il y a anguille sous roche», s'est-il interrogé avec prudence. Depuis la publication des griefs de la Cour des comptes à l'encontre du plan Halieutis, le président du RNI est assailli par les questions des députés et des conseillers parlementaires. Le dernier acte dans ce processus s'est produit la semaine dernière à la Chambre des conseillers. Pour rappel, le 19 novembre, les conseillers communaux du PJD et du PAM, siégeant à la mairie de la ville ocre, ont unis leurs forces pour faire barrage à la candidature du RNIste, Ismail Berhoumi, à la présidence de la société de coopération du grand Marrakech. Un poste qui est revenu à Abderrazzak Ahallouch de la Lampe avec 28 voix contre seulement dix pour son adversaire. A noter également la guerre latente entre le Tracteur et Aziz Akhannouch. Les efforts du président de la Colombe pour convaincre des parlementaires du PAM de porter les couleurs de son parti lors des législatives de 2021 font face à une farouche résistance de la part de figures au sein du courant "Al Mostakbal". De nombreux notables, notamment des régions de Marrakech et du Souss, ayant été séduits par la montée fulgurante d'Akhannouch, au point de penser à rejoindre le navire du RNI, commencent à modérer leur enthousiasme.