Après l'histoire du scandale sur le profilage ethnique, suivi de celui de l'espionnage, la police de New York suscite une nouvelle fois le courroux de la communauté musulmane. Cette fois, c'est un film antimusulman projeté à des policiers en formation qui envenime la situation, obligeant le chef de la police new yorkaise à présenter des excuses. Human Rights Watch s'attend pour sa part à des mesures disciplinaires contre les policiers ayant projeté ce «film offensif». Décidemment, il n'est plus si facile d'être musulman aux Etats-Unis, notamment à New York. Après le scandale sur le profilage ethnique, les révélations, en septembre dernier d'Associated Press sur l'espionnage auquel sont soumis les musulmans, une nouvelle affaire vient de mettre en cause la police new yorkaise dans ses rapports avec la communauté musulmane locale. «Le troisième Djihad : La vision de l'islam radical pour l'Amérique», est à la base de la nouvelle polémique. Il s'agit d'un film antimusulman de 72 minutes, que la police a offert comme spectacle pendant trois mois à ses éléments en formation. Au total, pas moins de 1 489 policiers auraient eu à voir le document projeté en «boucle» durant des sessions de formation à la lutte antiterroriste sur des périodes allant de trois mois à un an, au cours de l'année 2010. Le film accuse les musulmans américains d'avoir l'intention d'exécuter secrètement «une stratégie pour infiltrer et dominer l'Amérique». Il montre des séquences vidéo d'atrocités prétendument tirées de sites islamistes extrémistes entrecoupées d'interviews et de photomontages montrant, notamment, un drapeau islamique flottant au-dessus de la Maison Blanche. Le commissaire en guest-star Cerise sur le gâteau, une «vedette» y apparait pour appuyer la thèse du complot développée dans le film. Une guest-star qui n'est autre que… le commissaire Raymond Kelly, chef de la police new yorkaise (NYPD) ! Le quotidien New York Times finira par révéler l'affaire… provoquant l'ire de la communauté musulmane, qui n'était plus en odeur de sainteté avec la police de sa ville depuis des mois, et exige la démission du patron des policiers. Mis dans de très sales draps, le commissaire Kelly déclarera, le vendredi 28 janvier dernier, «n'avoir jamais vu ce film» avant le déclenchement de la polémique. «J'ai vu ce film pour la première fois mardi et je pense qu'il est incendiaire», a-t-il lâché, avant d'être poussé à présenter des excuses publiques, malgré le soutien du maire de la ville Mike Bloomberg, pour qui, le chef de la police «a visité plus de mosquées que ne l'ont fait nombre de pratiquants»... Les autorités concernées ont promis une enquête, sans toutefois faire mention des mesures disciplinaires contre les responsables de la diffusion du film. Ce qui pousse l'organisation de défense des droits humains, Human Rights Watch à s'indigner du fait que le leadership de la police new yorkaise ait «considérablement minimisé l'ampleur du problème». A l'instar des membres de la communauté musulmane, HRW pense qu' «une véritable enquête est nécessaire dans les plus brefs délais, avec des résultats concrets.»