Trois mois après les révélations fracassantes de l'Associated Press concernant les différents programmes de surveillance menés par la police new yorkaise sur les communautés musulmanes, l'agence de presse revient sur ces traques et fait un bilan des actions des policiers et des services secrets américains, un bilan entaché de plusieurs gros échecs cuisants, notamment le programme d'espionnage contre les Marocains de New York. Retour en arrière. Au mois de septembre dernier, l'Associated Press jette un pavé dans la mare en révélant au grand jour la traque et la surveillance sans relâche menée par la New York City Police Department à l'encontre des musulmans vivant à New York. Les 9000 Marocains vivant à New York sont les plus espionnés. L'agence de presse a mené une longue et minutieuse enquête dans la ville et a réussi à collecter des milliers de documents, parfois top secrets, décrivant dans un détail extraordinaire, le quotidien de ces Marocains et musulmans. Les policiers sont même allés jusqu'à les suivre dans les mosquées, les coiffeurs-barbiers ou encore les restaurants qu'ils fréquentent tous les jours. Ces révélations avaient créé une telle polémique que cinq avocats avaient décidé de saisir l'affaire pour dénoncer l'illégalité de ces différentes opérations policières. Totalement mal à l'aise, le commissaire principal Raymond Kelly avait dû sortir de son silence et nier tout en bloc. Plusieurs élus républicains l'ont d'ailleurs, par la suite fermement soutenu. Trois mois après la publication de ces informations, l'AP dresse un bilan, plutôt négatif de ces opérations relayé par un article paru sur boston.com. Réussites mitigées L'article souligne que la première et grande réussite de ces programmes policiers est qu'ils ont permis de stopper une attaque terroriste dans la station de métro Herald Square à Manhattan en 2004. L'une des unités secrètes de la NYPD enquêtait à Brooklyn et très vite a commencé à surveiller de très une librairie musulmane. Elle envoie des policiers en civil et des détectives qui mettent sur écoute la petite boutique et découvre que l'un des employés prévoit de poser une bombe dans la station de métro. Deux hommes finiront par être arrêtés dont un Américain d'origine pakistanaise du nom de Shahawar Matin Siraj qui prévoyait de poser cette bombe. Ce dernier sera ensuite condamné à 30 ans de prison en 2007. Cependant, les avocats de la défense et même certains membres de la NYPD avoueront plus tard qu'il n'y avait en fait aucune preuve qui accusait Siraj de posséder des engins explosifs. Le second cas qualifié de réussite par l'AP est l'affaire de Carlos Amonte and Mohammed Alessa. Ces deux hommes originaires du New Jersey ont été arrêtés en 2010 alors qu'ils allaient quitter le pays. Ils étaient accusés d'entretenir des liens étroits avec le groupe islamiste somalien Al Shabaab placé sur la liste officielle des organisations terroristes des Etats-Unis depuis février 2008. Ce groupe est également soupçonné d'avoir des relations avec Al Qaïda. Amonte et Alessa finiront par plaider coupable. Pour les arrêter, la NYPD a dû faire appel à l'un de ses agents musulmans qui a pu facilement les approcher et connaître leurs intentions. Les échecs cuisants Au total, ces programmes de surveillance secrets auraient permis de déjouer une dizaine d'attaques terroristes. Cependant l'article insiste sur le fait que la NYPD n'a pas toujours joué de grand rôle pour éviter ces menaces et que le mérite devait surtout revenir aux services secrets américains comme la CIA ou la coopération internationale entre les Etats-Unis et certains pays à l'étranger. L'article parle d'ailleurs d'une autre affaire qui est complétement passée sous le nez de la NYPD. Il s'agit de celle de deux musulmans amis, Zazi et Medunjanin qui allaient prier ensemble dans la même mosquée. Les années passent et les deux hommes sont de plus en plus dégoûtés de l'Amérique. Une immense colère grandit en eux. Ils ne supportent plus de voir des images de civils afghans tués par l'armée américaine et la manière dont sont traités les Irakiens, notamment dans la prison d'Abou Ghraïb. Zazi décide donc de réagir et commence à promouvoir le Jihad dans la mosquée qu'il fréquente et durant des parties de basket-ball avec ses amis. Un jour, il envoie un mail expliquant son intention de fabriquer une bombe, un mail qui sera intercepté non pas par la police new yorkaise mais par les services secrets américains qui finiront par l'arrêter. The Moroccan Initiative Par ailleurs, l'un des gros échecs cuisants constaté est l'affaire d'espionnage de la communauté marocaine new yorkaise que la NYPD avait surnommé «The Moroccan Initiative». Après les attentats à la bombe de Casablanca de 2003 et ceux de 2004 à Madrid, qui ont fait tomber des islamistes marocains, la police avait décidé de surveiller les moindres faits et gestes des 9000 marocains vivant dans la ville américaine. L'article insiste sur le fait qu'une partie de ces Marocains sont avant tout des citoyens américains. «Les officiers qui ont travaillé sur le programme [Moroccan Iniative] ont déclaré qu'il n'y avait aucune menace particulière provenant des Marocains de New York. The Moroccan Initiative n'a amené à aucun complot ni aucune arrestation", avoueront certains officiers à l'AP. «Les Musulmans américains en ont assez !» Enfin le dernier échec de poids relevé dans l'article, est que ces espionnages intensifs ont agrandi encore plus le fossé qui existait entre les communautés musulmanes et les forces de l'ordre américaines. Malgré les signes positifs envoyés par le Président Obama aux Musulmans des Etats-Unis qui comptaient sur une étroite collaboration, entre la police et les Musulman,s pour déjouer une nouvelle attaque terroriste, les Musulmans n'ont aujourd'hui plus du tout confiance en les autorités américaines et en ont assez d'avoir été stigmatisés et espionnés depuis les attentats du 11 septembre 2001. Certains, relate boston.com ne veulent même plus se rendre à la police lorsqu'ils entendent autour d'eux des discours Anti-américains craignant que cette personne qui prononce ce discours soit un espion travaillant pour la police.