Aux Etats-Unis, Big Brother is watching muslims. S'il y a une chose que la police new yorkaise adore par-dessus tout c'est de surveiller les moindres faits et gestes de la communauté musulmane installée dans la ville. Objectif, affirme t-elle : mieux lutter contre le terrorisme. Ce n'est pas un scoop. On sait tous qu'après les attentats du 11 septembre 2001, les musulmans sont devenus, non seulement des victimes, mais aussi des proies faciles que les autorités américaines espionnent et surveillent sans relâche. The Moroccan Initiative Par contre, ce que l'on sait beaucoup moins bien, c'est que la première communauté qui est surveillée de très près à New York est celle des Marocains, une communauté composée de plus de 9000 personnes. Les policiers ont même appelé cela «l'Initiative Marocaine». Une surveillance qui a augmenté juste après les attentats à la bombe de 2003 à Casablanca et ceux de 2004 à Madrid, qui ont fait tomber des islamistes marocains. Un barbier classé top secret C'est ce que rapporte The Associated Press qui a mené une enquête poussée sur la question. L'agence de presse a rassemblé une montagne de documents, parfois même top secrets qui décrivent dans un détail extraordinaire le quotidien des marocains new yorkais. Cela va de la recherche d'un emploi, à la création d'une société en passant par le café qu'ils fréquentent tous les jours, du barbier qu'ils vont voir pour se faire couper les cheveux ou de la salle gym où ils se sont inscrits. Deux Corans placés l'un sur l'autre Des policiers en civil ont également pris des photos des restaurants fréquentés par les marocains, des épiceries où ils font leurs courses, les hôtels où ils ont séjourné à leur arrivée sur le territoire américain et les mosquées où ils prient. En d'autres terme, la police new yorkaise connait tout d'un marocain qui vient de s'installer aux Etats-Unis. Les détails des documents obtenus par l'AP sont d'une précision étonnante. L'un des documents décrit par exemple un appartement habité par de nouveaux immigrés marocains. Il va même jusqu'à insister sur la présence de deux Corans placés l'un sur l'autre sur une table. Un autre donne les noms de tous les chauffeurs de taxi marocains travaillant à New York. Toutes ces informations sont soigneusement enregistrées dans les ordinateurs de la police new yorkaise. Et si un jour, l'un des policiers soupçonne un marocain, il n'aura plus qu'à remettre le nez dans ces archives et savoir ce que ce marocain a fait il y a quelques temps et qui il a fréquenté. Toc, toc ! Ouvrez c'est la Police ! Aujourd'hui, ce genre de programme se poursuit toujours sous l'ère Obama.Pourtant, la loi américaine est claire : elle interdit aux policiers de traquer les membres d'une même communauté ethnique ou d'une religion sans raison valable. Mais cela ne les a pas empêché de traquer les Marocains. D'ailleurs, parfois les policiers font usage de stratèges ingénieux pour faire parler les gens ou pénétrer dans leur maison. Par exemple, les policiers vont créer une histoire de toute pièce en racontant qu'un crime s'est produit non loin de leur maison ou dire qu'un enfant du quartier a disparu. Durant de tels entretiens, l'officier en profitera pour prendre des notes sur ce que la personne regardait à la télévision, combien de personnes vivaient dans la maison, quels sont les meubles qui décoraient l'appartement. Un bon moyen aussi de récolter les noms et les numéros de téléphone des voisins. Le fameux barbier s'appelle Amine Darhbach Ce qui est intéressant de souligner dans l'enquête menée par l'AP, ce sont les journalistes qui se sont rendus dans les quartiers même où les photos des policiers ont été prises et ont rencontré les marocains dont les noms ont été cités dans les documents. Ils ont notamment rencontré le fameux barbier marocain Amine Darhbach qui était surpris de voir que ses coupes de cheveux à 12 dollars pouvaient intéresser la police. Il confia même aux reporters que c'était normal que les policiers puissent veiller à la sécurité des citoyens Par contre, que cela l'était beaucoup moins quand il s'agissait de lister des entreprises qui ont pour clients des Marocains. Il finira par dire en relativisant: «Vous savez, au Maroc, la police vient comme ça chez vous pour vous prendre».