Ce n'est pas trop tôt. Des avocats des droits civils à New York se sont réveillés et ont finalement décidé de s'emparer de l'affaire des Musulmans traqués par la police new yorkaise. Depuis les attentats de Casablanca en 2003, les Marocains sont les premiers à être sur la ligne de mire de la NYPD. Ils sont traqués, espionnés et sans cesse soupçonnés d'être des terroristes. Les traques ont été jusqu'à les suivre dans les salles de prière, les restaurants ou encore les salons de coiffure qu'ils fréquentent régulièrement. Un espionnage intensif qui n'est aujourd'hui dénoncé ni par les autorités américaines ni par les autorités marocaines. Ils ne sont que cinq. Cinq avocats new yorkais seulement ont eu le courage de se lever pour dénoncer haut et fort les différentes opérations illégales d'espionnage pilotées par la puissante NYPD, rapporte the Associated Press. Pourtant la loi américaine est claire à ce sujet : la police n'est pas autorisée à collecter et archiver des informations sur des gens d'une même communauté ou d'une même religion sans motif valable. D'ailleurs le Premier Amendement de la Constitution le dit : «Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l'établissement ou interdise le libre exercice d'une religion, ni qui restreigne la liberté de parole ou de la presse, ou le droit qu'a le peuple de s'assembler paisiblement». C'est sur ce Premier Amendement que les cinq avocats se sont basés pour exiger auprès de la police new yorkaise qu'elle remette à la justice tous les dossiers sur les programmes de surveillance menés secrètement ces 10 dernières années. Ils demandent également un contrôle rigoureux sur les prochaines actions menées par la police. Silence radio Ce que regrettent les journalistes de l'AP, c'est surtout le silence des politiciens et surtout celui du Président américain. A ce jour, on ne sait pas si Barack Obama appuie ces programmes ou s'il les rejette complètement Pourtant on se souvient tous de son discours historique au Caire, il y a presque un an. «En tant que président des Etats-Unis, je considère qu'il est de ma responsabilité de lutter contre les stéréotypes sur l'Islam, où qu'ils apparaissent. (… ) l'Islam est une partie de l'Amérique. Nous tous partageons les mêmes aspirations : vivre en paix et en sécurité, bénéficier d'une éducation et travailler dans la dignité; aimer notre famille, notre communauté et notre Dieu.», disait-il. Il n'a pas manqué de rappeler dans ce même discours que le Maroc a été le premier pays au monde à reconnaître les Etats-Unis comme une nation libre et indépendante en 1776. Pourtant, ironie de l'histoire, 235 ans plus tard, ce sont les 9000 Marocains installés à New York qui souffrent le plus aujourd'hui des abus de pouvoir des policiers. A un an des élections présidentielles américaines, les plus intéressés par ce dossier semblent être les Républicains. Non pas pour dénoncer les injustices subies par les musulmans de New York mais pour mieux s'en prendre à l'administration d'Obama. Ils ne vont pas hésiter à lui reprocher d'avoir mené des programmes inefficaces et illégaux en matière de lutte contre le terrorisme. Le Président Obama ne prend pas position. Mais ce n'est pas le seul. Que font à ce jour les autorités marocaines aux Etats-Unis ? Pourquoi n'ont-elles pas à ce jour réagi ? Sont-elles au moins au courant de ce qu'endurent les Marocains installés à New York ? De leur côté, les autorités brillent par un long silence radio.