Les expulsions d'étrangers sont devenues monnaie courante en France. Cependant, il existe un fait nouveau, du moins, un fait qui se généralise de plus en plus, en matière d'expulsion. Il s'agit de l'arrestation d'étrangers en partance pour leur pays d'origine, aux frontières françaises, suivie d'une rétention, avant qu'ils ne soient finalement expulsés. Selon Rue89 citant la Cimade, ce sont 32 Marocains qui ont été victimes de cette politique depuis le 1er janvier 2010. En mars 2009, 17 Marocains en provenance d'Italie ont été arrêtés et placés au centre de rétention administrative (CRA) de Perpignan et reconduits plus tard par avion à Casablanca. Quelques semaines après, à la fin du mois d'avril, une dizaine d'autres ont été arrêtés au Perthus (village à la frontière franco-espagnole dans les Pyrénées-Orientales) puis placés en rétention. Selon la Cimade (seule association autorisée à intervenir dans les CRA), toutes ces personnes arrêtées avaient des billets de retour et chargées de bagages pour un retour définitif chez elles. Pourquoi retenir donc des étrangers qui rentraient chez eux ? La Cimade parlait alors de "politique absurde du chiffre". "Si encore on les avait contrôlés à l'entrée sur le territoire français, en sortant d'Italie, en estimant qu'ils étaient susceptibles de descendre du bus à Marseille ou à Perpignan... Mais là, l'Espagne était à deux mètres, ils n'avaient aucune possibilité de rester en France !", s'insurgeait l'association de solidarité active avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile. En 2010, ces mêmes pratiques ont repris. D'après Clémence Viannaye, employée de la Cimade au CRA de Perpignan, 32 Marocains en route pour le Maroc ont été interpellés depuis le 1er janvier. Et envoyés en rétention après une longue garde à vue. Ils ont ensuite été rapatriés au Maroc, en bateau ou en avion, parfois sans leurs bagages restés en soute des bus. Pour les autorités françaises, ces Marocains, en possession de documents de voyage mais pas de titre de séjour valable dans l'espace Shenghen, sont susceptibles de descendre du bus quelque part en Espagne. Une explication pas du tout convaincante, d'autant plus que, théoriquement, la France n'est plus concernée par leur présence. Parmi ces 32 cas, seuls 3 Marocains étaient à bord d'une voiture, les 29 autres étant munis de billet de bus à destination du Maroc. Il aurait été plus économique pour ces Marocains ayant choisi le retour, de ne pas prendre de billet d'autocar et d'aller voir directement la police française. Ils auraient gagné un aller simple en avion gratuitement... enfin aux frais du contribuable français.