La candidate écologiste à la présidentielle française Eva Joly a annoncé avant hier qu'elle souhaitait que l'Aid El Kebir et le Kippour, fêtes musulmane et juive, soient décrétés fériés. Sa proposition a soulevé l'ire de nombreux hommes politiques. Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) considère, aujourd'hui, que cette proposition qui intervient à la veille de grandes échéances électorales est inopportune même si elle découle d'un bon sentiment. Contre toute attente, rendre férié le jour de l'Aid El Kebir ne serait pas une bonne affaire pour les musulmans en France. JMouhammed Moussaoui, président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) explique «qu'il n'y a aucun intérêt pour les musulmans de revendiquer une situation pareille». La circulaire n° BCFF0930776C du 31 décembre 2009 autorise déjà les fonctionnaires de confession musulmane à prendre trois jours de congés à l'occasion de Al Mawlid Ennabi, l'Aïd El Fitr et l'Aïd El Adha. Quant aux salariés de la fonction publique de confession juive, ils peuvent fêter Rosh Hashanah et Yom Kippour de la même façon. Le droit du travail garantit également la liberté de religion aux salariés du secteur privé. «Dès lors, si l'Aid El Kebir venait à devenir un jour férié, il faudrait également qu'il en soit de même pour les deux autres fêtes musulmanes à savoir l'Aid El Fitr et la célébration de la naissance du Prophète», estime M. Moussaoui. Conséquence selon lui : une situation inextricable à gérer à laquelle il faudrait ajouter une fermeture des abattoirs qui causerait un bien grand mal. Surenchère et instrumentalisation de l'Islam «En cette période électorale, l'Islam devrait tout bonnement être écarté des débats. Cet avis est partagé par de nombreux musulmans de France», confie Mohammed Moussaoui. Le président du CFCM estime en effet que «l'invitation des religions sous quelque forme que ce soit aux débats des campagnes électorales à venir» pourrait causer du tort et l'Islam deviendrait indubitablement «un bouc émissaire». Le CFCM exhorte les différents candidats à la présidence de la République «à se concentrer sur les nombreuses questions importantes qui concernent l'ensemble des citoyens français indépendamment de leur religion ou conviction». La proposition d'Eva Joly est également jugée «marginale» par rapport aux grands défis que doit relever la communauté nationale» et devrait plutôt «être débattue sereinement loin des enjeux électoraux».