Dans cette série, Yabiladi revient sur les grands lieux de pèlerinage juif au Maroc, visités annuellement par des milliers de fidèles et de curieux. Dans ce douzième épisode, l'histoire de Daoud Boussidan, l'un des saints patrons de Meknès. Respecté de son vivant et même après sa mort, Rabbi Daoud (appelé aussi David, Dawid ou Daouad) Boussidan était un grand érudit et «saint parmi les saints» ayant vécu dans la capitale ismaélienne au XVIIIe siècle. Né à Zawia village de Tamelelt, à une cinquantaine de kilomètre à l'Est de Marrakech, selon un document en français et en hébreu qui parle de ce tasdik, Daoud Boussidan émigre avec sa famille, en 1780, pour s'installer à Meknès. «Le nom de famille Boussidan se compose du préfixe arabe "bou-" (occidental pour "abou" = "père de") et d'une dérivation d'un autre mot arabe, "soudan", qui signifie "sud" (littéralement, "Le pays des noirs")» raconte-t-on sur la plateforme Avotaynu Online. Citant «le livre sur la généalogie de la famille Boussidan», la même source mentionne les circonstances de l'arrivée et de l'installation à Meknès en 1780 de Rabbi Daoud Boussidan. Il aurait ainsi quitté son village natal avec «quelque 150 membres de sa communauté». La plateforme évoque aussi une «expulsion» de cette famille de son «domicile» dans le village de Tamlilt qu'elle situe «au Sahara». A cette époque de l'Histoire du Maroc, la vie des Juifs en général, et ceux de Meknès en particulier, n'était pas assez facile. Mais la capitale ismaélienne était notamment prisée par cette communauté de Marocains. «Vers la fin du XVIIIe siècle, ils furent touchés par les persécutions anti-juives du sultan Moulay Yazid (1790–1792). Malgré la reprise des attaques contre les Juifs de Meknès au début du 19ème siècle (trois synagogues ont été incendiées lors des émeutes de 1811), l'immigration juive à Meknès en provenance d'autres régions du Maroc a augmenté à la fin du siècle», poursuit-on de même source. L'ancien cimetière israélite de Meknès avant sa restauration. / Ph. DR Le fondateur d'une yéchiva et d'une synagogue A Meknès, Daoud Boussidan deviendra célèbre après la fondation d'une grande yéchiva (école juive) qu'il dirigea et supporta jusqu'à sa mort vers août 1832. Il gagnera ainsi le respect de la communauté juive et marquera les esprits par son dévouement à l'enseignement des principes de la Torah et par sa générosité. Bien que plusieurs sources évoquent «un saint miraculeux», sans parler de ces miracles, le seul miracle rapporté se serait déroulé après la mort de ce tasdik, qui laissera après lui une lignée de rabbins et de juges issus de cette même famille. «Il n'y a pas si longtemps, quand il était question de démolir la vieille synagogue du Rabbi David Bussidan, célèbre rabbin du XVIIIe siècle, bien connu pour ses miracles, [Il] paraissait régulièrement tous les soirs dans un rêve aux responsables de la démolition et leur donnait cet avertissement : "Malheur à celui qui touche les murs de cette synagogue. Il sera maudit. Ce bâtiment doit être laissé en paix et fermé. Personne ne doit y entrer jusqu'à ce qu'il tombe en ruine de son propre chef."» L'un des miracles de Rabbi Daoud Boussidan On raconte notamment que c'est la raison pour laquelle la synagogue de Rabbi Daoud à Meknès «restera debout, vide et fermée, jusqu'à nos jours». Mais si le tasdik se serait opposé, même après sa mort, à la démolition de sa synagogue, il ne reste pas moins que Daoud Boussidan n'y est pas enterré. Sa dépouille repose ailleurs et plus précisément «près du mur extérieur de l'ancien cimetière israélite de Meknès», selon Marcel Benabou, auteur de «Jacob, Menahem, and Mimoun : A Family Epic» (Edition U of Nebraska Press, 2001). C'est là-bas que «les juifs de Meknès priaient sur son tombeau le Motsaé Chabbat (sortie du Chabbat) et leurs vœux sont maintes fois exaucés», rapporte-t-on. C'est aussi à Meknès que la Hiloula de Rabbi Daoud est célébrée annuellement.