Dans cette série, Yabiladi revient sur les grands lieux de pèlerinage juif au Maroc, visités annuellement par des milliers de fidèles et de curieux. Dans ce septième épisode, l'histoire de la famille Abe'hssira et du Rabbi Its'Hak dont le sanctuaire est situé à Toulal, près d'Errachidia. Le mausolée du Rabbi Its'Hak Abe'Hssira à Toulal, près de Gourrama (Est de Rich). / Ph. Isaac Ouaknine and Yoram Ouaknin - rabbimap Le mausolée du Rabbi Its'Hak Abe'Hssira à Toulal, près de Gourrama (Est de Rich). / Ph. Isaac Ouaknine and Yoram Ouaknin - rabbimap C'est à Rissani, au sud de la ville d'Errachidia, que Rabbi Its'Hak Abe'hssira voit le jour. Selon l'ouvrage de son fils Rav Chimon Abe'hssira, l'érudit juif serait né en 1859, «d'ascendance illustre». Il serait ainsi «le frère de Baba Salé et le petit-fils de l'érudit par excellence, Rabbi Ya'akov (ou Yaacoub) Abe'hssira». Ayant grandi dans la région de Tafilalet, Rabbi Its'Hak Abe'hssira entame un périple de près d'un quart de siècle en se rendant en Palestine. «Doté d'un charisme rare et d'une érudition reconnue par ses paris, il fut immédiatement nommé Rav des villes de Ramlé et de Lod. Bâtisseur sans égal, il mena jusqu'à son dernier souffle un combat de tous les instants afin que la Torah, ses valeurs et ses représentants soient respectés dans un pays encore nouveau et en quête d'identité», raconte son fils dans l'introduction de l'ouvrage, relayée par la Librairie Gallia. Cet ouvrage parle aussi d'une «lutte inlassable pour l'établissement d'écoles religieuses, de lieux d'étude et de prière» du Rabbi, qui serait «décédé d'un tragique accident de la route». Un descendant d'une lignée de Rabbi Son grand-père serait Rabbi Yaacov Abe'hssira, né à Tafilalet en 1807, selon le site de l'institut Hevrat Pinto. Il serait aussi un «amoureux de la Torah» qui «dormait très peu et passait toute la semaine, nuit et jour, en s'adonnant à l'étude» du livre saint. Rabbi Yaacov Abe'hssira, grand-père du Rabbi Its'Hak Abe'hssira, est notamment l'auteur de douze ouvrages célèbres dans le judaïsme. Le Tasdik inhumé à Toulal est également le frère (ou l'oncle selon les versions) de Rabbi Israël Abe'hssira, surnommé «Baba Salé». Le mausolée du Rabbi Its'Hak Abe'Hssira à Toulal, près de Gourrama (Est de Rich). / Ph. Isaac Ouaknine and Yoram Ouaknin - rabbimap Ayant grandi dans une famille pieuse, Rabbi Its'Hak Abi'hssira serait aussi l'auteur d'un chant religieux connu par les Juifs marocains, intitulé «A'oufa Echkona» qu'il aurait composé à l'âge de 12 ans, rapporte-t-on dans Torah-box. «Bien évidemment, ce chant contient d'inestimables secrets de la Kabbale pour lequel ses descendants ont pris le temps d'écrire des pages et des pages de commentaires.» Torah-box sur le chant «A'oufa Echkona» La même source revient aussi sur l'un des miracles de ce saint juif ayant vécu au Maroc. Ainsi, alors qu'il se rendait dans un village près de Marrakech, le Rabbi aurait demandé à la communauté juive de prier pour protéger un Juif de la menace de mort d'un gouverneur. Ce dernier, alors qu'il «était assis en compagnie de sa famille à telle heure, s'effondra subitement, atteint par une balle d'origine inconnue», poursuit la plateforme. Le mausolée du Rabbi Its'Hak Abe'Hssira à Toulal, près de Gourrama (Est de Rich). / Ph. Isaac Ouaknine and Yoram Ouaknin - rabbimap Un Saint «buveur de Mah'ia» ? Celle-ci apporte une autre information quant au décès du Rabbi, qui aurait eu lieu «14 Chevat 5672», correspondant au 2 février 1912 sans pour autant préciser la date de naissance du Tasdik. En 2004, un reportage de l'agence Associated Press réalisée lors de la Hiloula du Rabbi Its'Hak Abe'hssira près de Toulal, revient notamment sur les célébrations et cite le témoignage d'un Juif venu rendre hommage au Rabbi. «C'était un homme saint qui buvait beaucoup de Mahia (alcool de figue distillé au Maroc). C'est pour célébrer sa mémoire que l'on boit en chantant autour de sa tombe.» Témoignage relayé par Associated Press en 2004 L'agence fait aussi état des «chants traditionnels juifs s'élèvant dans la nuit désertique et glaciale, la foule se [pressant] pour boire un verre à l'éternelle santé du saint et formuler un vœu de bonheur», le tout autour du tombeau, de la synagogue qui le jouxte et de la dizaine de maisons entourant le lieu de culte. Le mausolée du Rabbi Its'Hak Abe'Hssira à Toulal, près de Gourrama (Est de Rich). / Ph. Isaac Ouaknine and Yoram Ouaknin - rabbimap «Le site, comme à l'accoutumé, était bien encadré par la sécurité et les autorités, la propreté du site impeccable, les aides et personnels venant des villages voisins étaient tous badgés et filtrés afin de mieux contrôler tout le monde, le lieu de la tombe impeccablement tenu était déjà envahi par tous les visiteurs arrivant en masse par toutes sortes de transport possible, taxis, vans, mini cars, voitures personnelles envahissent la place centrale du Saint», raconte un autre juif ayant effectué la Hiloula du Rabbi Its'Hak Abe'hssira. Selon lui, les fêtes qui durent trois jours sont généralement divisées en trois temps, commençant d'abord par une prière commune à la synagogue et un autre moment de recueillement suivi par un «retour au pied de la tombe du Tsaddik pour la fête qui devait durer toute la nuit», précise-t-il.