En cette Journée internationale des luttes paysannes, les petits agriculteurs et les travailleurs ruraux appellent à la mise en œuvre de la Déclaration de l'ONU pour la protection de leurs droits. Signé en décembre 2018, le texte constitue «un outil politique» pour une réforme agraire populaire, selon ses défenseurs. Le 17 avril de chaque année marque la Journée internationale des luttes paysannes. Cette année, il revêt un caractère particulier, puisque c'est la première commémoration après l'approbation de la Déclaration de l'ONU sur les droits des paysans et des travailleurs ruraux en Assemblée générale, en décembre 2018. Le texte bénéficie désormais de l'approbation de 121 pays, contre 54 abstentions et 8 votes opposés. Cela dit, les signatures de son protocole ainsi que le mise en place des outils juridiques nationaux par chaque Etat signataire pour son application reste une autre paire de manche. La Via Campesina, plateforme internationale regroupant associations et syndicats paysans, affirme ce mercredi que cette déclaration est en effet «un outil politique pour renforcer la lutte globale pour des conditions de vie dignes» dans les campagnes. Elle doit «encourager une réforme agraire urgente à l'échelle globale, comme politique nécessaire pour que les Etats la mettent en place», ajoute la plateforme qui défend le principe de souveraineté alimentaire, tout en exigeant la fin de l'impunité des expropriations terriennes et des biens fonciers appartenant aux petits agriculteurs. Le Maroc a voté pour un texte qu'il doit encore mettre en œuvre Le Maroc fait partie des Etats qui ont voté favorablement pour cette déclaration au sein de l'ONU. Coordinateur de la section régionale de La Via Campesina, membre de la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA / UMT), Mohamed Hakach estime que ce texte permet d'«améliorer les moyens de subsistance dans les zones rurales». Ce plaidoyer continu sur l'année doit être rappelé en cette Journée internationale, où la coordination souligne que nombre de pays sont dépourvus de lois spécifiques en matière de souveraineté alimentaire, qui met en place des circuits économiques et agricoles équitables. Précédemment contacté par Yabiladi Mohamed Hakach avait souligné que «l'idée largement répandue est que l'agrobusiness nourrit la plus grande partie de la population mondiale, sauf que ce n'est pas vrai : cette agriculture contribue à hauteur de 30%, tandis que les petits agriculteurs nourrissent 70% des habitants de la planète». Ainsi, la Déclaration de l'ONU régit notamment les activités de la production, afin de les rendre respectueuses des droits humains universellement reconnus et incluant les droits des travailleurs paysans. «Notre projet de réforme agraire garantit la démocratisation de la terre et comprend tout ce qu'il faut pour une vie digne pour les paysan.ne.s : éducation, santé, culture, infrastructure, des biens communs comme l'eau, les mers, les mangroves et les eaux continentales, les semences, la biodiversité dans son ensemble, ainsi que la régulation du marché et l'arrêt des accaparements des terres», lit-on ainsi dans un communiqué de La Via Campesina publié ce mercredi. Cité par La Via Campesina, Diego Montón, du Mouvement National Paysan Indigène de l'Argentine, indique pour sa part que cette problématique est partagée par les paysans partout dans le monde. Ainsi, pour lui, l'un des «principaux défis est la lutte pour la terre, des aliments sans poisons et la justice sociale, c'est-à-dire pour que les Droits paysans soient garantis dans les territoires», est le pouvoir des petits paysans à constituer «une contre-offensive populaire» permettant à ces derniers de retrouver leur place dans le circuit économique et exiger des politiques publiques dans ce sens.