Le strict encadrement législatif relatif au port d'armes au Royaume-Uni permet de limiter les risques d'attentats terroristes, analyse un chercheur, même si les groupuscules de la droite radicale semblent de plus en plus apparaître comme une menace terroriste. Deux semaines après les attentats perpétrés contre deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, qui ont fait 50 morts, le gouvernement britannique a déclaré mercredi 27 mars que l'extrémisme des courants de la droite radicale constitue une menace émergente. Il a toutefois souligné que les services de sécurité du Royaume-Uni considèrent toujours que le terrorisme islamiste est le plus grand danger pour la sécurité nationale, indique l'hebdomadaire New Europe, spécialisé dans l'actualité des institutions de l'Union européenne. «Le principal obstacle de l'extrême droite est le fait qu'au Royaume-Uni, les lois sur les armes à feu sont extrêmement strictes», a déclaré Matthew Feldman, directeur du Centre d'analyse de la droite radicale. «L'extrême droite représente une menace pour certaines communautés de notre pays, mais le plus souvent, il s'agit de personnes qui surfent seules sur internet et se radicalisent elles-mêmes, de sorte qu'elles ne disposent pas d'un réseau de soutien direct qui pourrait les aider à se fournir en armes», analyse-t-il. Le nombre de crimes motivés par la haine à caractère religieux ou racial commis en Angleterre et au Pays de Galles est passé de 37 417 en 2013-2014 à 79 587 en 2017-2018, selon les données du ministère britannique de l'Intérieur. Le ministre à la Sécurité et aux crimes économiques, Ben Wallace a été contraint de reconnaître que l'extrémisme alimenté par la droite radicale est un problème croissant. Il a rappelé que la stratégie britannique de lutte contre le terrorisme visait à lutter contre toutes les formes de terrorisme, quelle que soit leur idéologie, et a ajouté que les fonds seraient versés «là où la menace émergerait». Une députée assassinée par un suprématiste blanc Les statistiques du programme gouvernemental de lutte contre le terrorisme, baptisé «Prevent» montrent que les régions du nord de l'Angleterre ont enregistré le plus grand nombre de renvois judiciaires dans des affaires liées à des groupuscules de la droite radicale en 2017-2018, indique la BBC. Pour le député travailliste Naz Shah, il existe un lien formel entre l'augmentation du nombre de crimes motivés par la haine et le soutien aux groupes d'extrême droite. «Nous avons constaté dans tout le pays une montée de l'islamophobie et des crimes racistes. C'est cette haine qui alimente le soutien de l'extrême droite», a déclaré le député de Bradford West. L'exemple le plus frappant de la haine nourrie par l'extrême droite au Royaume-Uni est sans conteste le meurtre de la député travailliste Jo Cox, le 16 juin 2016. Le journal Le Monde décrit l'assassin, Thomas Mair, un jardinier au chômage, comme «un loup solitaire du terrorisme d'extrême droite nourrissant une haine obsessionnelle des "traîtres" à la race blanche. Un militant nationaliste isolé sans doute excité par la xénophobie ambiante». Autre exemple qui avait également défrayé la chronique : le «Punish A Muslim Day», un mouvement anonyme dont le principe consistait à envoyer aléatoirement des courriers pour appeler les Britanniques à identifier des musulmans et à les attaquer, le 3 avril 2018.