Membres d'ultra-droite préparant une action violente contre le président français Emmanuel Macron, projet d'attentat contre le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, députés musulmans menacés de mort… Le spectre du terrorisme de l'extrême droite en Europe ne serait pas rattaché uniquement au passé. Début novembre, six individus ont été arrêtés en Moselle (France), soupçonnés de planifier une action violente contre le président Emmanuel Macron. Le nouveau ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner a plus tard confirmé à France Bleu Nord qu'«il y avait des menaces concrètes» et inquiétantes ayant conduit à cette opération policière. Le 10 novembre dernier, quatre des suspects ont comparu devant un juge antiterroriste. Selon Les Inrocks, ils sont mis en examen pour «association de malfaiteurs et détention non autorisée d'armes en relation avec une entreprise terroriste». Selon la même source, les prévenus reconnaissent avoir été «sur le point de passer à l'action». L'annonce a été faite au moment de l'arrestation, en Espagne cette fois-ci, de Manuel M., un homme de 63 ans soupçonné de planifier l'assassinat du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. Le 8 novembre, la BBC a rapporté qu'il avait a été interpellé à son domicile dans le nord-est du pays, avec à son actif seize armes à feu sans permis, dont un pistolet. Selon les forces de police catalane (Mossos), le suspect aurait annoncé à des amis qu'il allait tuer le Premier ministre. En effet, les médias locaux indiquent que le suspect voulait «se venger des projets de Sanchez d'exhumer les restes de Francisco Franco», dont le mausolée est «vénéré» par l'extrême droite espagnole. La communauté musulmane également dans le viseur de l'ultra-droite Ces faits interviennent quelques mois après le démantèlement de l'Action des forces opérationnelles (AFO), un groupuscule d'ultra-droite à qui la police antiterroriste française a reproché, en juin dernier, la préparation d'actions armées contre la communauté musulmane. Un groupuscule qui voulait même empoisonner de produits halal sur le marché. Ancien policier de 65 ans, Guy Siba serait le fondateur de l'AFO. Après avoir regagné son domicile en Charente-Maritime, il est resté mis en examen et interdit d'entrer en contact avec les douze autres membres poursuivis dans le même cadre. Mais l'observation de ce retour d'organisations, parfois disparates, qui cristallisent des motivations identitaires pour projeter des attaques visant des personnalités politiques ou encore des communautés, ne se limite pas à la France ou à l'Espagne. En mars dernier, un mouvement anonyme a lancé le «Punish a muslim day» au Royaume-Uni. Son principe : envoyer aléatoirement des courriers pour appeler les Britanniques à identifier des musulmans et à les attaquer le 3 avril. Les éventuels agresseurs allaient se voir remettre des «points» en fonction l'ampleur de leurs actions, qui pouvaient aller jusqu'à «l'utilisation de l'acide comme arme» et «le bombardement ou l'incendie d'une mosquée», selon l'ONG Tell Mama UK qui recense les actes islamophobes dans le pays. En juin dernier, David Parnham, instigateur présumé du «Punish a Muslim Day», a été arrêté. Il a plaidé coupable de tentative de meurtre et de 13 autres chefs d'accusation. Une recrudescence des planifications violentes Agé de 35 ans, David Parnham a comparu le 12 octobre dernier devant le tribunal pénal central de Londres. Selon la police britannique, il aurait mené une campagne de terreur pendant deux ans, depuis 2016, à travers l'envoi de colis «très offensants» à de nombreuses personnalités publiques, dont la reine Elisabeth II, des députés de confession musulmane, ou encore des mosquées. Il aurait également fait part du lancement de cette campagne à Dylann Roof, suprématiste blanc américain condamné à la peine de mort, pour avoir massacré neuf fidèles afro-américains dans une église de Charleston (Caroline du Sud), le 17 juin 2015. Contacté par Les Inrocks, Nicolas Lebourg, spécialise de l'extrême droite, constate «une remontée depuis 2014, et plus encore depuis 2015» de ces actions prônant la violence physique «par réaction aux attentats» enregistrés ces dernières années en Europe. Selon lui, «cela s'inscrit dans un contexte européen» où nombre de pays sont touchés, tels que l'Angleterre, la Grèce, ou l'Allemagne, sur fond de «crise des réfugiés qui a provoqué de la violence d'extrême droite». «On n'est pas encore en 1979 où on avait eu cinquante attentats d'extrême droite à l'explosif en France, en visant plutôt les biens que les gens. Aujourd'hui, il y a l'extrême droite activiste qui a une envie de frapper les hommes et non les biens.» Nicolas Lebourg à Les Inrocks «Avec une actualité marquée par la montée des populismes au niveau européen, la menace est de plus en plus forte parce que les réseaux existent déjà, explique au média le journaliste Frédéric Charpentier. Ainsi, des Européens issus de ces mouvances sont partis se battre en Ukraine ou en Syrie».