Les propos et discours récurrents de certains responsables politiques, notamment sur l'immigration, banalisent les passages à l'acte. Les agressions, perpétrées dans l'espace public, ne sont plus seulement verbales, mais physiques. Les agressions islamophobes dans l'espace public sont en augmentation au Royaume-Uni. Tell Mama, un programme national qui enregistre et mesure les incidents antimusulmans outre-Manche, en a recensé une hausse de 30% au cours de cette année, contre 16% en 2017, d'après The Independent. L'organisation s'inquiète d'un «changement marqué» de ces actes, qui se caractérisent de plus en plus par des attaques physiques et des actes de vandalisme, tandis que les discours haineux continuent de se propager sur les réseaux sociaux. Les boîtes aux lettres font également office de réceptacle de la haine de certains groupuscules. En mars dernier, des Britanniques avaient rapporté à la police des courriers anonymes appelant les habitants de Londres, des Midlands (centre) et du Yorkshire (nord) à prendre part à une journée dénommée «Punish a Muslim Day», prévue le 3 avril, avait rapporté Tell Mama sur son compte Twitter. Des facteurs déclencheurs et permissifs Les crimes de haine, en l'occurrence l'islamophobie, sont ainsi en constante augmentation depuis six ans, s'inquiète Fiyaz Mughal, fondateur de Tell Mama. Le responsable craint que la tendance se poursuive. «C'est en partie dû au terrorisme, à des groupes qui veulent simplement diviser les communautés, d'autant que certains responsables politiques cherchent constamment à blâmer les migrants», dit-il au journal britannique. «La rhétorique antimusulmane explose dans le paysage politique, encourageant ainsi certains individus», fait également remarquer Fiyaz Mughal. A ce titre, le fondateur de Tell Mama juge «effrayantes» les manifestations en soutien au militant d'extrême droite Tommy Robinson, suite à un regain de violence et au blocus d'un bus conduit par une femme musulmane, dimanche 15 juillet à Londres. D'autres chiffres sont également particulièrement «effrayants». A la suite du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, le 23 juin 2016, l'organisation britannique avait enregistré une augmentation de 475% des agressions de musulmans dans des espaces publics. Après l'attentat de Manchester, à la sortie du concert de la chanteuse Ariana Grande, le 22 mai 2017, ce chiffre avait grimpé à 700%. «Les événements qui stimulent les discours publics sur l'immigration et l'islam peuvent parfois correspondre à un ''pic'' des crimes et incidents de nature islamophobe», souligne Fiyaz Mughal. «Il est essentiel de noter que ces événements ne sont pas la cause sous-jacente des incidents antimusulmans, mais agissent plutôt comme des facteurs déclencheurs. Les personnes ayant des préjugés raciaux latents se sentent encouragées à passer à l'action, violemment ou non», ajoute-t-il.