Son modèle multiculturel est donné partout en exemple à travers le monde. Pourtant, depuis peu, des vidéos d'injures islamophobes ont surgi sur les réseaux sociaux au Royaume-Uni au point que le Muslim Council of Britain s'inquiète de la montée de l'islamophobie dans le pays touchant majoritairement les femmes musulmanes. Loué pour sa tolérance, le Royaume-Uni n'en connait pas moins une poussée d'islamophobie. Depuis quelques semaines, des vidéos circulent sur les réseaux sociaux où des membres de la communauté musulmane sont victimes de propos ou injures racistes dans les transports publics de Londres. La police, de son côté, relève des chiffres assez éloquents pour être signalés. Les attaques visant les musulmans sont passées de 478 à 816 en l'espace de 12 mois soit une augmentation de 70%, rien que de dans la ville de Londres, rapporte un article du quotidien The Guardian. Une récente étude du centre d'observation de la criminalité en Angleterre et au pays de Galles estimait que 0,8% de musulmans était sujet à des actes ou des comportements de haine pour motif religieux. «Dans l'ensemble, nous devons comprendre que le Royaume-Uni est une société très tolérante et Londres est l'une des villes les plus cosmopolites du monde, et, heureusement, ces types d'attaques [visant les musulmans] sont relativement rares. Mais ils sont à la hausse », estime pour sa part un membre du Muslim Council of Britain. «L'augmentation de l'islamophobie a atteint des niveaux qui sont très préoccupants. La plupart des musulmans connaissent quelqu'un qui a subi une forme de violence, que ce soit en ligne, physique ou verbale», ajoute-t-il. Les femmes voilées, plus vulnérables Et les femmes musulmanes, plus exposées, sont les plus vulnérables et les plus facilement atteignables. Tell Mama, une association répertoriant les actes islamophobes estime que « les femmes voilées sont plus susceptibles de souffrir d'appellations injurieuses, de voir les gens leur jeter des objets ou encore d'abus en général». Toujours selon la même association «les femmes portant le voile intégral subissent deux fois plus d'incidents plus agressifs que les femmes ne mettant pas le voile». Sur la toile non plus les femmes ne sont pas épargnées puisqu'elles sont souvent la cible d'attaques aussi bien sexistes que racistes. Elles souffrent de l'intersectionnalité dont nous vous parlions la semaine dernière. Des préjugés qui sont ressortis des placards depuis les attentats de Charlie Hebdo à Paris et du musée du Bardo en Tunisie pour venir hanter les britanniques. Avec le conflit syrien et l'afflux surmédiatisé des réfugiés vers l'Europe, les clichés sur les musulmans en général et sur les femmes risquent d'être encore plus tenaces. Pour cette membre du Muslim Council of Britain, « l'islamophobie et l'antisémitisme constituent tous deux des délits graves. Seulement le travail pour lutter contre l'antisémitisme s'est bien développé. Maintenant, nous devons reproduire ce travail fantastique avec l'islamophobie. Toutes les formes de fanatisme doivent être traitées de manière égale ». L'appel de ce conseil musulman n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Au début du mois, David Cameroon avait appelé les policiers à répertorier les actes antimusulmans et de les traiter aussi sérieusement et sévèrement que les actes antisémites. Un appel applaudi par l'association Tell Mama et le Muslim Council of Britain qui estiment que le fait de répertorier ces actes permettraient d'avoir une vue plus globale sur la criminalité antimusulmane. Seulement «il faudra jusqu'à cinq ans pour mettre en œuvre correctement» ce genre de plan, soupire le Muslim Council.