L'origine et le chemin migratoire de l'Astragalus edulis, une légumineuse, qui d'ailleurs n'est pas assez exploitée, ont été retracés par des scientifiques espagnols. A part cette espèce, plusieurs ont suivi le même chemin, traversant la mer d'Alboran depuis le Maroc. Une étude s'est penchée sur l'origine et l'histoire évolutive d'une légumineuse, menacée d'extinction et que l'on retrouve dans le sud de l'Espagne, au Maroc et dans les îles Canaries. Il s'agit de l'Astragalus edulis, qui est comestible et ressemble aux pois chiche, mais qui n'est présente qu'à l'état sauvage, selon l'agence espagnole spécialisée dans l'information scientifique SINC. Le groupe de recherche de l'Université de Salamanque, en Espagne, a découvert que cette espèce isolée aurait «migré» en Espagne et aux îles Canaries depuis le Maroc. Comprendre son évolution, son chemin ainsi que son adaptation s'avèrent essentiels pour sa protection, expliquent les chercheurs. Publié sur la revue AoB Plants, les résultats de l'étude suggèrent que «l'espèce serait originaire de la partie occidentale du Haut Atlas». Suivant son cheminent, l'étude propose «un itinéraire de colonisation», qui relie «la région du sud de l'Atlas se poursuivant jusqu'au nord, pour atteindre finalement la péninsule ibérique». L'Atlas, réservoir d'une diversité génétique unique Toute la zone montagneuse de l'Atlas pourrait représenter des «points névralgiques phylogéographiques (l'étude des principes et processus qui gouvernent la distribution des lignées généalogiques)» supplémentaires qui sont «d'importants réservoirs d'une diversité génétique unique propice aux stades d'évolution des espèces de plantes méditerranéennes». Pour en revenir à l'Astragalus edulis, sa présence au sud, dans les îles Canaries, «est la conséquence d'un ancien événement, provenant probablement des populations marocaines occidentales pendant la phase glaciaire de Riss». Plus au nord, l'Astragalus edulis a dû traverser la mer d'Alboran afin d'atteindre les côtes andalouses. A ce propos, les scientifiques expliquent que le «détroit ne représente pas une barrière infranchissable pour de nombreuses espèces végétales». En effet, si cette découverte a son importance, elle suggère également que ce corridor géographie aurait pu être utilisé par plusieurs autres espèces. De plus, les chercheurs soulignent que «nous devons garder à l'esprit que les deux territoires partagent une bonne partie de leur flore, que les conditions climatiques sont similaires». Outre l'Astragalus edulis, qui doit être protégé, il est à noter que plusieurs espèces auraient pu migrer. La liste est longue mais les chercheurs parlent de plantes telles que la Caralluma munbyana, la Launaea arborescens (Asteraceae) ou encore Maytenus senegalensis.