La scène politique marocaine est en pleine reconfiguration à l'approche des législatives anticipées du 25 novembre. Le Parti de l'Istiqlal, l'USFP et le PPS ont ressuscité la «Koutla» alors que les partis dits de «l'administration» ont réussi à faire naitre un «G8» en s'alliant à des formations plus ou moins représentatives. Seul le PJD fait cavalier seul. Mais ces derniers jours, on parle de plus en plus de rapprochement entre le parti de Benkirane et celui d'Abbas El Fassi. La Koutla ne s'est pas encore prononcée. Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) et le Parti de l'Istiqlal (PI) se font les yeux doux ces derniers temps. Abdelilah Benkirane, le chef de file des partisans de la formation de la lampe n'exclut pas une future alliance de son parti avec le PI. Le secrétaire général du PJD dit même ne pas avoir «cessé d'envoyer des signaux positifs» à la formation de l'actuel premier ministre ainsi qu'aux autres partis de la Koutla, à savoir l'USFP et le PPS. Ce sont «des partis historiques qui ont leur mot à dire», pense le leader de la formation dite «islamiste» qui prévoit même de travailler avec «les profils compétents dans l'actuel gouvernement» s'il devenait chef du futur Exécutif. Chez les Istiqlaliens également, on ne tarit pas d'éloges à l'endroit de ce «parti enraciné dans la population, avec un rayonnement et une présence non négligeables, et qui reste maître de ses propres décisions» selon un des responsables du PI, Mhamed El Khalifa. «Dans le cas où il déciderait de participer au gouvernement, poursuit El Khalifa, l'Istiqlal ne verrait aucun inconvénient à ce qu'il soit mené par le PJD, si le peuple l'a choisi et que le scrutin ait été libre et transparent». Les déclarations mènent donc vers le rapprochement, mais rien n'est encore gagné. Quid de la Koutla ? En effet, l'Istiqlal est déjà lié par une alliance avec l'USFP et le PPS au sein de la Koutla. Hier, (2 novembre) lors de la présentation de la plateforme commune pour «un nouveau contrat d'avenir» les responsables de cette alliance fondée en 1992 ont fait savoir que «la question de l'élargissement de la coalition n'a pas été discutée. On verra par la suite». La porte n'est donc pas encore fermée. Mais, le rapprochement entre le PJD et le parti de la balance ne risque-t-il pas d'entamer l'unité au sein de la Koutla ? «C'est toute la question ! Maintenant, il me semble que l'alliance avec l'istiqlal se fera avec la koutla ou ne se fera pas» croit savoir le professeur en Sciences politiques à l'Université Hassan II, Najib Mouhtadi. Il est quasi certain, ajoute-t-il, que cette coalition se négociera après les élections. Si tel sera le cas, poursuit Najib Mouhtadi, «le G8 et surtout le PAM aura réussi au moins le pari de rapprocher les deux mamelles du conservatisme national et jeté le PJD dans les bras de la gauche, une belle performance». Aussi curieuse que cette éventualité puisse paraître, elle n'est pas si mauvaise que cela, pense-t-il. «Car c'est un gage de réussite d'une politique équilibrée et une entrée en douceur du PJD dans l'arène de la gestion publique, une initiation assistée de l'exercice du pouvoir. Un peu à l'image de ce qui se profile en Tunisie». En attendant d'en arriver là, une chose est sûre : Istiqlaliens et Pjdistes, bien que partageant la même fibre nationaliste, devront arrondir les angles sur bien des points.