Le retour aux affaires politiques de Donald Trump vient s'ajouter aux nombreuses défaites diplomatiques de l'Algérie, de ces derniers mois, concernant sa gestion du dossier du Sahara marocain. De débâcle en débâcle, la position algérienne est intenable. Faut-il voir dans la réélection de Donald Trump, un 6 novembre, date de commémoration de anniversaire de la Marche verte, un signe du destin ? La réélection de Donald Trump contrarie considérablement les plans de l'Algérie. Le premier mandat de Trump a été, en effet, marqué par une série de décisions qui ont renforcé la position du Maroc sur la scène internationale et isolé l'Algérie sur le dossier du Sahara. Lire aussi | Les implications de la victoire de Donald Trump pour la région MENA En reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara et en promettant d'installer une représentation diplomatique à Dakhla, Trump a posé un acte symbolique fort en faveur du Maroc, un geste qui a résonné bien au-delà de la région. Cette prise de position américaine, unique en son genre, a été perçue comme un véritable coup de massue pour la diplomatie algérienne, qui soutient depuis des décennies le Front Polisario. Un surcroît d'isolement diplomatique pour l'Algérie La reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara est perçue en Algérie comme un signe inquiétant d'une bascule internationale en faveur du Maroc. Depuis cette reconnaissance, plusieurs pays africains et arabes ont ouvert des consulats à Laâyoune et Dakhla, affirmant ainsi leur soutien à la position marocaine. Cette dynamique de soutien en faveur du Maroc a progressivement isolé l'Algérie, qui voit son influence diminuer sur la scène africaine et arabe. La réélection de Trump pourrait renforcer cette dynamique, car elle montre la continuité de cette approche américaine en matière de politique étrangère, et l'absence de revirement soudain en faveur des positions algériennes. Lire aussi | Trump, élu 47è président des Etats-Unis, signe un retour fracassant à la Maison Blanche Pour de nombreux observateurs algériens, ce soutien américain pourrait pousser d'autres puissances à suivre le même chemin, notamment dans le contexte d'une compétition géopolitique accrue au Sahel et en Afrique du Nord. Avec l'appui de Washington, le Maroc dispose désormais d'un argument de poids pour attirer davantage d'investissements et de soutiens internationaux pour ses projets de développement dans ses provinces du Sud. L'Algérie, de son côté, peine à contrecarrer cette offensive diplomatique marocaine, d'autant plus que les moyens de pression dont elle dispose sont désormais de peu d'effet face aux leviers politiques et à la bienveillance des USA vis-à-vis de la cause marocaine. Le dilemme stratégique d'Alger face à une nouvelle réalité La diplomatie algérienne se retrouve aujourd'hui à la croisée des chemins. Avec la réélection de Trump, l'Algérie est confrontée à un choix difficile : persister dans son soutien au Front Polisario, au risque de s'enfoncer dans une position de plus en plus isolée, ou réviser sa stratégie régionale pour s'adapter à cette nouvelle réalité diplomatique. Le statu quo, avec un soutien indéfectible au Polisario, pourrait s'avérer de plus en plus coûteux pour Alger, surtout si d'autres puissances internationales finissent par emboîter le pas des Etats-Unis, à l'Espagne et à la France en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara. Lire aussi | Ce qui risque de changer pour l'Ukraine et le Moyen-Orient si Trump est élu Par ailleurs, les tensions internes en Algérie, couplées aux difficultés économiques dues à la baisse des revenus pétroliers, limitent les capacités d'Alger à maintenir un soutien financier et diplomatique fort envers le Polisario. Le peuple algérien, face à une situation économique difficile, pourrait également questionner l'utilité de cet engagement coûteux, doublé d'une humiliation de l'Algérie sur la scène internationale, alors que les défis domestiques ne cessent de s'accumuler. La pression internationale et les perspectives pour l'Algérie Avec le retour de Donald Trump, l'Algérie pourrait faire face à une pression internationale croissante pour revoir sa position sur le dossier du Sahara. Des voix se font déjà entendre pour que le conflit du Sahara occidental trouve une solution pragmatique, basée sur l'autonomie sous souveraineté marocaine, un modèle soutenu par le Maroc et désormais légitimé par le soutien de puissances internationales. Cette perspective d'autonomie est perçue par beaucoup de diplomates internationaux comme une issue réaliste pour le conflit, capable de garantir la stabilité régionale. Lire aussi | Kamel Daoud, Prix Goncourt 2024 : Une consécration qui dérange le pouvoir militaire algérien Cependant, la révision de la position algérienne pourrait s'avérer fort délicate en raison de l'héritage idéologique, le soutien à l'indépendance du Sahara étant ancré dans la doctrine de politique étrangère de l'Algérie depuis des décennies au point que s'en est devenu une affaire interne et un pilier historique de sa diplomatie. Néanmoins, l'évolution rapide du contexte international et régional pourrait forcer Alger à adopter une approche plus pragmatique. Une question de survie diplomatique pour l'Algérie A vrai dire, la réélection de Donald Trump place l'Algérie dans une position diplomatique complexe. Le dossier du Sahara est devenu une question de survie diplomatique pour Alger, et les options semblent se réduire. L'administration Trump, avec son approche pragmatique et transactionnelle, devrait continuer de soutenir le Maroc dans ses efforts pour obtenir une reconnaissance internationale élargie de sa souveraineté sur le Sahara.