Le 12 octobre, Brahim Ghali a invité le Conseil de sécurité à laisser la MINURSO organiser un référendum au Sahara occidental. Deux jours après, Bachir Mustapha Sayed reprend à son compte les observations de son supérieur hiérarchique et y ajoute sur un ton critique ce qu'il qualifie de «chantage» de la mission onusienne sur les «territoires libérés». Le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara occidental ne fait pas l'unanimité du côté de Rabouni. Après les commentaires très critiques de quelques médias pro-Polisario quant au texte d'Antonio Guterres, le «ministre des territoires occupés», Bachir Mustapha Sayed prend le relais. Dans un enregistrement audio révélé par Futuro Sahara, il s'en est pris à ce qu'il a qualifié de «chantage» des Nations unies sur les «territoires libérés». Une allusion aux pressions de Guterres sur le mouvement de Brahim Ghali, le sommant d'éviter toute action dans les localités situées à l'Est du mur de sécurité. Sayed a estimé que ce «chantage» est une «provocation et une invitation à mettre un terme à la coopération, à la volonté de coopération et à l'intention de la coopération», ajoute la même source. Une répartition des rôles Bachir Mustapha Sayed a également pointé dans son message la «faillite» de la MINURSO à organiser un referendum d'autodétermination dans la province. Il a même souligné que la mission onusienne n'aurait pas seulement vocation à surveiller le respect par les parties du cessez-le-feu. Selon lui, l'accord du 6 septembre 1991 qui a tourné la page de 25 années de guerre, n'était que «le prélude à la tenue de la consultation populaire et ce, après une période de transition destinée à l'identification et l'inscription des électeurs». Ces flèches décochées par Sayed en direction de la MINURSO ne sont pas l'indicateur d'une cacophonie entre les membres de la direction du front séparatiste sur ce sujet. Elles sont, d'ailleurs, en phase avec l'appel lancé le 12 octobre par Brahim Ghali au Conseil de sécurité de laisser la mission onusienne accomplir son principal rôle, à savoir «préparer les condition d'un referendum». C'est en effet le 29 avril 1991 que le Conseil de sécurité avait adopté une résolution portant création de la MINURSO chargée de cette mission. Le bilan de l'opération fut très en deçà des attentes de l'ONU. De 1993 à décembre 1999, seuls 2 130 électeurs étaient habilités à voter sur une liste de 51 220 requérants. Face à cet échec retentissant, l'ancien secrétaire général de l'ONU, le Ghanéen Kofi Annan avait décidé de mettre un terme à toute l'opération. Mais ce revers n'a pas eu pour autant un impact particulier sur le maintien du cessez-le-feu malgré l'enregistrement de certaines violations de temps à autre par les deux parties.