La visite d'une délégation de l'ONG internationale Human Rights Watch a provoqué des divergences entre le Front Polisario aux camps de Tindouf et certains séparatistes de l'intérieur. Ceux-ci se sont rebellés contre les ténors du front séparatiste, refusant de se plier aux ordres. Du 28 au 31 août dernier, une délégation de l'ONG internationale Human Rights Watch a effectué une mission dans la ville de Laâyoune, menée par Ahmed Reda Benchemsi, directeur de la communication et de plaidoyer à la section Moyen-Orient et Afrique du Nord et Fayrouz Yousfi, représentante de l'organisation au Maroc. Une visite qui n'est pas passée inaperçue puisqu'elle a provoqué des divergences au sein du Front Polisario. Alors que le mouvement demandait aux séparatistes de l'intérieur de boycotter la rencontre avec l'ONG internationale, certains ont fait fi des ordres du Front. Ce dernier critiquait notamment le fait que HRW ne l'aurait pas consulté avant de visiter les provinces du Sud. Quant aux séparatistes de l'intérieur, certains d'entre eux estimaient qu'il ne fallait pas rater cette occasion pour exposer leur thèse aux responsables de l'ONG internationale. El Bachir Mustafa Sayed, ténor du mouvement séparatistes, a même adressé des «menaces implicites aux organisations des droits de l'homme» ayant rencontré la délégation de Human Rights Watch, dans un enregistrement audio, rapporte Futuro Sahara. Le leader séparatiste a exigé de respecter les décisions prises à Tindouf, qualifiant le Front Polisario d'«arbitre» s'agissant de ce genre de décisions. Les séparatistes à couteaux tirés De son côté, Futuro Sahara, proche de «l'ex-ministre» de la Défense, Mohamed Lamine Ould Bouhali, n'a pas raté l'occasion de fustiger El Bachir Mustapha Sayed, l'accusant de promouvoir un discours «contradictoire». «L'enregistrement du ministre peut être compris comme un retour de la mentalité des années 1970 pour gérer la relation avec les activistes des territoires occupés», écrit le média. «Cette mentalité a été catastrophique pour la réputation de la cause sahraouie puisque Amnesty International continue d'appeler le Front à punir les responsables des violations des droits de l'homme dans les camps de Tindouf dans les années 1970 et 1980», rappelle-t-il. La position du Front Polisario a également irrité le président de l'organisation Adala basée au Royaume-Uni, et qui défend la thèse du Front Polisario. Sayed Ahmed Idassi a demandé de soutenir le travail de Human Rights Watch au Sahara, la qualifiant d'«organisation respectable et ayant l'intention d'enquêter de manière fiable sur les violations des droits de l'homme». Mouloud Said, représentant adjoint du Front à Genève n'a pas manqué de lui répondre, en affirmant que Human Rights Watch devait demander la permission du Polisario avant de se rendre au Sahara. Alors que certains séparatistes à l'intérieur se sont pliés à la décision du Front Polisario, en préférant ne pas donner suite à la convocation de la délégation de HRW, la Coordination des détenus sahraouis (CODESA), dirigée par Aminatou Haidar a répondu présent. Une position qui s'explique par les relations tendues entre le Front et l'association d'Aminatou Haidar depuis l'arrivée au pouvoir de Brahim Ghali. En effet, depuis sa désignation comme chef du mouvement séparatiste, la présidente de la CODESA a perdu plusieurs avantages et ne représente plus le Front à l'étranger comme sous Mohamed Abdelaziz. Face à cette situation, Sayed Ahmed Idassi a tenté de défendre Aminatou Haidar contre ceux qui critiquent son association et qualifie de «trahison» sa nouvelle démarche, rappelant aux proches de Brahim Ghali que la CODESA avait déjà fait ses preuves sur le terrain.