Avec Brahim Ghali aux commandes du Polisario, Aminatou Haidar a été mise à l'écart. Le Polisario ne sollicite plus les services de la présidente de la CODESA en Europe et aux Etats-Unis. Mais qu'est-ce qui a changé dans les camps de Tindouf pour expliquer une telle rupture ? Aminatou Haidar est la grande absente de l'échéance d'avril de cette année. Elle est pourtant une grande habituée des voyages aux Etats-Unis à l'approche de cette échéance pour défendre notamment l'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental auprès de membres du Congrès et du Sénat américains, de leurs assistants lors de déjeuners-débat ou auprès d'ONG. Sans oublier ses multiples réunions avec des représentants de pays siégeant aux Conseil de sécurité. On se souvient que le Polisario a joué la carte Haidar aux Etats-Unis notamment en 2014 et 2015. A Washington et New York la présidente de la CODESA, et grâce aux bons conseils de Kerry Kennedy, la présidente du Centre Robert Kennedy des droits de l'Homme, avait réussi là où les politiques du mouvement séparatiste avaient échoué. Le poids des considérations tribales Qu'est-ce qui a changé cette année ? Des considérations tribales sont à l'origine de la mise à l'écart d'Aminatou Haidar. Une opération lancée bien avant l'annonce du décès de Mohamed Abdelaziz, le 31 mai 2016. Alors que l'ancien chef était gravement malade, la native de Tan Tan n'a pas été envoyée par la direction du Front aux Etats-Unis lors de l'échéance d'avril 2016. Une direction confiée, depuis janvier 2016, à Brahim Ghali en sa qualité de responsable du secrétariat de l'organisation politique du Polisario. L'opération s'est ensuite amplifiée et accélérée avec la nomination officielle de Ghali à la tête du Front lors du congrès extraordinaire de juillet 2016. «Avec lui, les cadres sahraouis non-issus de la puissante tribu Rguibates ne peuvent assumer les premiers rôles. Du coup, Aminatou Haidar, une Izzerguiya native de Tan Tan, a fait les frais de cette ligne politique», nous confie une source ayant requis l'anonymat. Depuis la présidente de la CODESA ne fait plus partie des délégations du Polisario qui se rendent à l'étranger. Pire elle n'a même pas pu prendre part au dernier congrès des Sociaux-démocrates suédois. Et pourtant, Mme Haidar était la vedette d'une conférence sur le Sahara que le parlement suédois avait accueillie en octobre 2015 organisée à l'initiative de députés de cette formation de gauche. Ces voyages ne sont plus que de vieux souvenirs de l'ère Mohamed Abdelaziz.