Elles sont 16 personnes sahraouies vivant au Maroc qui intègrent officiellement le secrétariat général du Polisario, la plus haute instance du Front. Par cette manoeuvre, le mouvement séparatiste entend faire d'une pierre deux coups. Que fera le Maroc ? Mohamed Abdelaziz a demandé aux participants du 14ème congrès du Polisario de réserver 16 sièges, sur un total de 50, à ses partisans originaires du Sahara contrôlé par le Maroc. La proposition du secrétaire général a eu immédiatement l'adhésion de l'ensemble des congressistes, ce dimanche 20 décembre. Quasiment toutes les figures du séparatisme actives dans les villes de Laâyoune, Smara ou Dakhla font désormais partie de la «plus haute instance du Front». Parmi elles, Aminatou Haidar, la présidente de la CODESA, Brahim Dahhan, le président de l'association sahraouie des victimes des violations des droits de l'homme (ASVVDH) ou encore Mohamed Dadech, un habitué des grandes messes du Polisario. Néanmoins le nom de Ali Salem Tamek, le vice-président de CODESA, est absent de la liste des élus adoubés par Mohamed Abdelaziz. Un revers pour ce grand fidèle aux thèses du Polisario. «Il aurait fait les frais de ces multiples disputes avec Aminatou Haidar», nous explique une source au Sahara. Faire d'une pierre deux coups La désignation de ces seize personnes n'est pas dénuée de calcul politique. La direction du Polisario entend ainsi s'affirmer comme «le seul représentant des sahraouis» habilité à parler en leur nom sur la scène internationale. Un titre que le Maroc n'a eu cesse de contester, affirmant que les sahraouis exercent pleinement leurs droits politiques par de forts taux de participations aux différents scrutins organisés par le royaume. Cette intégration officielle de Mme Haidar et les siens aux instances du mouvement séparatiste vise à leur imposer la carte du Polisario. Ce qui devrait se traduire par une réduction de leur marge de manœuvre. Ils sont désormais obligés de rendre des comptes au secrétariat général, d'assister à ses sessions et d'agir selon un agenda déterminé auparavant par la hiérarchie du Front et le DRS algérien. Tirant les leçons de l'incident d'Aminatou Haidar en 2009, les autorités du royaume ferment les yeux sur les partisans du Polisario qui sillonnent le monde via des passeports marocains. Maintiendra-t-il la même position ?