Ion Perdicaris est un expatrié gréco-américain qui a marqué l'histoire de Tanger. Il a choisi de s'établir dans la ville du Détroit, où il a construit une villa qui a longtemps connu l'abandon, avant d'être réhabilitée suite au programme royal Tanger-Métropole. Ion Perdicaris est un expatrié gréco-américain qui avait choisi de s'installer dans une propriété à Tanger en 1872. Il acheta un domaine de 67 hectares, situé en pleine forêt de Rmilat. Il y construisit une villa, semblable à un grand château, où il vécût avec sa femme anglaise Ellen Varley. Cette dernière souffrait d'une maladie pulmonaire, d'où le choix d'un espace forestier avec vue sur mer. Sa propriété, en pleine nature, était distinguée par sa riche végétation. En effet, l'homme y conservait plusieurs espèces de plantes exotiques qu'il ramenait depuis l'étranger. Il réussit à faire de sa villa «un beau domaine où il avait l'habitude d'organiser de grandes fêtes et auxquelles il invitait des dignitaires marocains et étrangers», lit-on sur le site du Parc Perdicaris. Le parc Perdicaris, un lieu de villégiature prisé par les Tangérois. / Ph. DR Les années se sont écoulées et les murs de la villa sont toujours là, malgré l'abandon qui a duré plusieurs années. Un abandon qui a laissé son empreinte notamment avec les hivers rudes de la ville du Détroit. La villa se trouve au cœur du Parc Perdicaris, sous forme d'un petit château avec une vue imprenable sur la mer. D'après la même source, le Pacha El Glaoui aurait habité quelques temps là-bas, pendant le protectorat. L'espace forestier alentour est classé Site d'intérêt biologique et écologique (SIBE) depuis 1996. Réhabilitation et restauration De nos jours, le parc est très prisé par les Tangérois en recherche d'un lieu où pique-niquer et se détendre. Depuis le lancement, en 2013, du programme royal Tanger-Métropole par le roi Mohammed VI, le site est en train d'être restauré et réhabilité pour un coût global de 10 millions de dirhams, indique le quotidien Aujourd'hui le Maroc. Le projet prévoit même de préserver la même architecture d'intérieur et la façade de la Villa Perdicaris, ainsi que la protection des éléments décoratifs. «Les travaux de réalisation de ce projet englobent les terrassements et fouilles, la réalisation des nouveaux ouvrages structuraux dans le respect des modes constructifs et matériaux initiaux ainsi que la réfection des enduits, de l'électricité, de la plomberie ainsi que l'assainissement», ajoute le site du Parc Perdicaris. Une photo ancienne de la villa Perdicaris. / Ph. Légation américaine Selon le quotidien L'Economiste, Perdicaris est un site riche en faune, avec des sangliers, des busards des roseaux et des caméléons vulgaires. Les oiseaux migrateurs viennent y faire escale quelque temps. Par ailleurs, le parc est connu pour sa «population autochtone d'arbres de type chêne liège, chêne kermes et zeen (…) D'autres espèces y trouvent aussi asile comme l'eucalyptus et le pin pignon». Depuis la réouverture de la forêt aux visiteurs en 2016, l'afflux de visiteurs est considérable, pouvant même atteindre 30 000 personnes en week-end. Avant la réhabilitation, plusieurs médias ont alerté sur l'état déplorable des lieux après le passage des visiteurs, qui laissent trainer les détritus ou font des barbecues à même le sol. Pour y remédier, des espaces équipés en barbecues ont été construits. Ion Perdicaris, le propriétaire de la villa qui a été kidnappé par Moulay Ahmed Raissouni. / Ph. DR «Perdicaris vivant ou Raissouni mort !» La villa Perdicaris a été sous les feux de la rampe depuis bien longtemps et pas seulement pour la beauté de son bâtiment où la richesse naturelle de son parc. En 1904, elle a déjà fait parler d'elle lors du kidnapping de Ion Perdicaris par le leader des Jbalas Moulay Ahmed Raissouni et ses acolytes. En effet, le Greco-américain et l'ainé de ses beau-fils ont été capturés et détenus plusieurs semaines. L'histoire a même fait beaucoup parler outre-Atlantique, devenant quasiment l'incident du siècle, puisque le président américain Theodore Roosevelt, candidat à l'élection présidentielle, en a fait le point fort de sa campagne. Sa phrase, devenue culte - «Perdicaris vivant ou Raissouni mort !» -, s'est vite propagée et a donné beaucoup de visibilité à l'affaire. Ion et son beau-fils ont été plus tard relachés et le nom de famille Perdicaris est resté gravé dans l'histoire de la ville et de la villa. Cette dernière a même inspiré un des films hollywoodiens les plus connus, «The Wind and the Lion» (Le vent et le lion).