Des Marocaines établies en Syrie, dans un camp pour réfugiés au nord du pays, affirment que le Maroc a refusé de les rapatrier avec leurs enfants au moment où une source proche du dossier parle d'un «vice de procédure». Des femmes marocaines tout comme leurs enfants en bas âge se trouvent toujours dans un camp pour réfugiés au nord de la Syrie. Ils sont plus de 200 personnes et vivent sous l'autorité des «Forces démocratiques de la Syrie», une alliance arabo-kurde soutenue par Washington bien que ce camp est menacé de démantèlement, faute de moyens. La semaine dernière déjà, le New York Times est revenu sur l'histoire de Sarah Ibrahim, Marocaine vivant dans ce camp, qui «n'a pas eu d'autre choix que de suivre» son mari venu combattre en Syrie. «Aujourd'hui mort ou prisonnier, elle a fui avec ses deux filles. Elles ont été capturées l'année dernière et détenues depuis dans ce camps poussiéreux», poursuit le média américain. «Leur pays d'origine ne veulent pas d'elles, craignant qu'elles ne propagent l'idéologie islamiste radicale», commente le New York Times. En effet, l'histoire de ces Marocaines avait déjà été relayée notamment par l'Observatoire du Nord pour les droits de l'Homme (ONDH). Début juin, cette association avait appelé à une mobilisation pour permettre à ces Marocaines de rentrer chez elles. Un deuxième appel lancé par l'ONDH Cette semaine, l'ONDH, en contact avec certaines marocaines se trouvant dans ce camp, a lancé un deuxième appel aux autorités marocaines pour qu'elles rapatrient ces ressortissantes. Dans un communiqué publié sur la page Facebook de l'ONDH, cette ONG indique lundi, citant certaines Marocaines, que les autorités de Rabat auraient refusé de les rapatrier. «Une décision qui intervient alors que d'autres gouvernements étrangers ont déjà rapatrié leurs ressortissants», poursuit le communiqué. Ce dernier informe aussi que «tout comme la France, le Maroc refuse toujours de rapatrier ses ressortissants». Contacté par Yabiladi mardi, Mohamed Ben Aissa, président de l'ONDH rappelle que cela fait des mois qu'ils sont en contact avec ces femmes marocaines établies dans les camps de réfugiés au nord de la Syrie, mais aussi avec leurs familles ici au Maroc. «Il a certains pays ayant entrepris les démarches pour rapatrier leurs citoyens et il y a d'autres ayant refusé, dont le Maroc», nous déclare-t-il. «Ce refus des autorités marocaines intervient alors que plusieurs correspondances leurs ont été adressées alors que nous leur avons même fait pression pour qu'elles prennent une décision: soit rapatrier ces Marocaines et leurs enfants, soit dire ouvertement que le Maroc refuse cela. La situation de ces personnes ne doit pas rester comme ça.» Mohamed Ben Aissa Un vice de procédure ? Pour Mohamed Ben Aissa, «ces femmes et ces enfants marocains doivent être rapatriés, les mamans étant prêtes à faire l'objet de poursuites si elles sont reconnues coupables de terrorisme ou d'extrémisme». «Leur vie actuellement est en danger, d'autant que les Forces démocratiques de la Syrie menacent de complètement abandonner la gestion de ces camps», conclut-il. Une source proche de ce dossier apporte toutefois un autre son de cloche. «Si ce sont des ressortissants marocains, le royaume ne peut pas refuser de les rapatrier», nous indique-t-elle. «Il y a sans doute un vice de procédure ou un élément manquant dans ce dossier et c'est ce point-là qui a probablement été exploité par ces femmes». Notre source estime aussi que «le Maroc ne peut pas refuser sans raison», rappelant à cet effet que le département des Affaires étrangères et de la coopération internationale n'est pas le seul chargé de ce genre de question et qu'«il y a d'autres intervenants». Article modifié le 11/07/2018 à 19h30