Les discriminations sur le port du voile islamique se suivent et se ressemblent...Enfin presque ! Après l'histoire de la jeune franco-marocaine qui avait été, au mois d'août dernier, interdite d'accéder à une agence bancaire à cause de son voile, aujourd'hui, c'est une nouvelle affaire de port de voile que nous rapporte le site d'information Rue89.com. Une jeune étudiante de l'Ecole nationale d'ingénieurs de Metz (ENIM) a été obligée de retirer son voile. L'administration de l'école s'est ensuite empressée de placarder une affiche, au sens sans équivoque : « Le port du voile est interdit dans l'école ». La jeune fille, dont l'identité n'a pas été précisée par le site, est arrivée à son école, pour suivre ses cours dans la plus normale des façons, en portant un voile. A la vue de cela, le directeur de l'école en personne est venu lui demander d'enlever le foulard que celle-ci avait sur la tête. L'étudiante s'exécuta devant la plus haute autorité de l'école. On croyait l'incident clos lorsque, quelques moments plus tard dans la même journée, un message fut affiché à l'attention des étudiants-ingénieurs de l'école, interdisant catégoriquement le port du voile dans l'établissement. « L'ENIM est une école d'ingénieurs de l'Etat et respecte les valeurs fondamentales de la république Française (...) Dans ces conditions, et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés : Le port du voile est interdit dans l'école. », en gros caractère, et signé : Le directeur, Pierre Padilla. Tout cela aurait certes paru normal. Mais le problème est que cette décision, contrairement aux mots du directeur, ne relève d'aucun pouvoir que ce soit qui lui aurait été « conféré ». En effet, elle va à contre-sens même de la loi de 2004, très controversée, interdisant le port du voile dans les établissements... du secondaire, et non du supérieur. Etant un établissement public d'enseignement supérieur, l'ENIM ne fait donc, logiquement, pas du tout partie des établissements visés par la loi interdisant le port du foulard. Mauvaise interprétation des textes ou manque d'information de la part du directeur de l'ENIM ? Ou encore, la loi aurait-elle été, de façon officieuse, étendue aux établissements du supérieur ? Les deux premières questions restent en suspend, pour l'instant. Quant à la troisième, la philosophe Catherine Kintzler a essayé d'y répondre à travers son blog : « Le seul argument en faveur de cette extension est que les universités sont des établissements d'enseignement public relevant de l'autorité de l'Etat. Or l'Etat est laïque, donc... Cet argument ne fonctionne pas». Elle poursuit en apportant des arguments à sa réponse, « En effet, si l'argument était valide, il faudrait étendre la loi de 2004 à tous les services publics y compris du côté des usagers : il ne faudrait pas se contenter d'interdire le port des signes religieux au personnel (comme c'est fort justement le cas à l'université, bien entendu), il faudrait aussi l'interdire aux personnes se rendant sur les lieux du service - dans les mairies, dans les services publics, au guichet des trésoreries, dans les bureaux de vote, etc. ». Un point de vue parmi d'autres, qui essaie de comprendre le pourquoi de la nouvelle règle qui règne à l'ENIM et qui interdit le port du foulard. Contacté en vain par Rue89.com, le directeur de l'Ecole d'ingénieurs ne donne toujours pas d'explications par rapport à sa décision, et aucune plainte, toujours d'après le site, n'a été déposée de la part des représentants des élèves. La suite de cette affaire nous en dira sûrement davantage.