Mardi, Middle East Eye, fondé en février 2014 et basé en Grande-Bretagne indiquait, en citant une source algérienne, que Rached Ghannouchi à la tête du mouvement tunisien Ennahdha, veut mener une médiation entre Rabat et Alger. Une information pourtant démentie par un autre diplomate algérien, la présidence du parti tunisien et le chef du gouvernement marocain. L'information a été présentée par le média comme une exclusivité. Le 8 mai dernier, Middle East Eye rapportait, citant une source diplomatique algérienne, que «Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste tunisien Ennahdha, a contacté (…) le chef du gouvernement marocain Saâdeddine El Othmani pour lui proposer une médiation». MEE induit en erreur par sa source algérienne ? Une information pourtant démentie par le chef du gouvernement marocain et par le parti Ennahdha, reconnaît le média lui-même avant de continuer à relayer les informations de ses sources algériennes. Mais selon les informations dont nous disposons, le média fondé en 2014 aurait été mené en bateau par sa source au sein de la diplomatie algérienne. Malgré le premier démenti du chef de l'exécutif marocain, son journaliste a tenu à publier l'information. D'ailleurs, l'annonce de la médiation menée par Rached Ghannouchi n'a toujours pas été actualisée. Le média spécialiste des questions touchant le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord affiche toujours l'article sans y ajouter le démenti rendu public par le chef de Cabinet de la présidence du mouvement Ennahdha, jeudi 10 mai. Dans une lettre adressée à Middle East Eye, Fawzi Kammoun dément l'information de la source algérienne de MEE. «Nous réfutons catégoriquement. Le parti Ennahdha n'intervient pas et n'interfère pas dans les affaires des autres pays», déclare ce responsable du parti Ennahdha au Huffpost Tunisie. «Ce sont deux pays frères et nous leur souhaitons tout le meilleur», conclut-il. Le démenti d'une source officielle algérienne Hier, une source diplomatique algérienne démentait tout contact entre Ouyahia et Ghannouchi. Dans une déclaration à Al Araby Al Jadid, média arabophone basé à Londres, la source, que le média présente comme étant officielle, affirme que «l'Algérie, qui apprécie et respecte le chef du mouvement tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, n'est pas au courant de cette médiation». L'information de Middle East Eye, «soufflée» par la source diplomatique algérienne, précisait que Ghannouchi espérerait «freiner la dégradation des relations entre l'Algérie et le Maroc». Le média ajoutait aussi que «le président d'Ennahdha a également contacté Ahmed Ouyahia, le Premier ministre algérien, pour lui proposer d'intervenir 'auprès de personnalités marocaines influentes'». Mais la supposée proposition de Ghannouchi n'aurait pas trouvé une oreille attentive. Ouyahia aurait déclaré qu'il ne voyait pas «la nécessité d'une quelconque médiation» puisque c'est «au Maroc de cesser sa campagne médiatique ciblant l'Algérie». Pour justifier cet éventuel «refus», Middle East Eye cite une autre déclaration, sous couvert d'anonymat, d'une source proche du Palais Zéralda, la résidence médicalisée d'Abdelaziz Bouteflika. Cette dernière rapporte que «la présidence (algérienne, ndlr) est en train d'étudier une série d'options pour répondre à la campagne marocaine», conclut le média. Une insistance qui peut s'expliquer par deux choses : soit le média a fait un pas de clerc et refuse de le rectifier, soit il sert de porte-parole d'un faucon souhaitant faire d'une pierre deux coups, mêlant ainsi Rached Ghannouchi et la Tunisie tout en attaquant le Maroc.