A quelques jours de l'adoption par le Conseil de sécurité d'une nouvelle résolution sur le Sahara occidental, le Maroc a enregistré une «victoire symbolique» dans l'espace de l'UE. Ses ministres de la Pêche donnent leur feu vert pour la négociation d'un nouvel accord, incluant les eaux du Sahara. Le conseil des ministres de la Pêche des Vingt-huit vient d'autoriser la Commission européenne à ouvrir des négociations avec le Maroc, en vue de la signature d'un nouvel accord de pêche, couvrant l'ensemble de ses eaux atlantiques, y compris celles du Sahara occidental. Les Espagnols souhaitent que cet objectif soit atteint avant le 14 juillet, date d'expiration du protocole de 2014, afin que leur flotte «puisse continuer de pêcher dans les eaux marocaines» sans interruption, a indiqué la ministre Isabel García Tejerina. Un souhait qui devrait se traduire par des pressions de la part du gouvernement Rajoy sur ses d'autres partenaires, en vue d'accélérer le rythme des discussions avec la partie marocaine. La décision de ce lundi était attendue par le secteur espagnol de la pêche, notamment aux Iles Canaries, où la survie de cette filière dépend entièrement de ses activités dans les eaux du Sahara, mais aussi dans les autres pays de l'Union européenne. En effet, ce sont dans les eaux de la province qu'«entre 93 à 95% des captures de la flotte de l'UE sont réalisées». Une estimation révélée par Javier Garat, secrétaire général de la Confédération espagnole de la pêche, au lendemain de l'arrêt du 27 février de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Satisfaction à Rabat Au royaume, la décision du conseil des ministres de la Pêche de l'UE est accueillie positivement. «Elle conforte le Maroc dans son statut d'interlocuteur unique et légitime» des Vingt-huit, nous confie une source diplomatique. Le Polisario, à la faveur de l'arrêt de la CJUE du 27 février, mène depuis une campagne médiatico-diplomatique à dessein de convaincre Bruxelles de négocier avec lui un possible accord de pêche au Sahara. Force est de constater qu'une fois encore, l'argument sur lequel se base le verdict de la CJUE, largement en faveur du Front comme ce fut le cas de celui prononcé en février 2016 portant sur l'accord agricole, n'a pas résisté face au poids des intérêts stratégiques entre l'UE et le Maroc. Reste à savoir si les négociateurs marocains parviendront à persuader leurs homologues des Vingt-huit à retirer la clause sur le respect des droits humains, introduite dans la décision du 21 mars dernier.