Le 4 novembre 1999, l'accord de pêche de 1995 entre le Maroc et l'UE arrivait à échéance. Le Premier ministre, Abderrahman El Youssoufi, n'était guère pressé pour le renouvellement du traité. Une position qui a permis au Maroc de ne pas brader ses ressources naturelles, réduisant les licences de plus de 75% et assurer le développement de la filière. Le 19 février 2018, les Vingt-huit autorisaient la Commission européenne à négocier un nouvel accord de pêche avec le royaume. Ce feu vert n'a pas mis un terme au suspens. La nouvelle ne rassure ni les armateurs espagnols ni les autorités marocaines. Les deux redoutent un arrêt de la CJUE invalidant le traité de 2014. A quelques jours de l'annonce de la décision de la cour, prévue le 27 février 2018, les deux parties mènent une forte campagne de lobbying. «Le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Aziz Akhannouch, multiplie les déplacements à Bruxelles. D'ailleurs, il n'a pas pris part au conseil de gouvernement du jeudi. Le président du CNDH, Driss El Yazami, est également au siège de l'UE pour plaider le même dossier», nous confie une source. El Youssoufi peu enthousiaste au renouvellement de l'accord de 1995 Il y a presque deux décennies, le Maroc n'avait pas hésité à fermer la porte devant les Européens. Le 4 novembre 1999, à l'expiration du traité de 1995, 430 chalutiers étaient interdits de pêcher dans les eaux marocaines. «Tous les bateaux opérant dans le cadre de cet accord de pêche sont invités à quitter les eaux territoriales nationales ce mercredi avant minuit», annonçait le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué. A l'époque, le Premier ministre Abderrahmane El Youssoufi était resté ferme sur ce dossier, renvoyant la balle dans le camp de Européens. En octobre 1999, devant un parterre de journalistes espagnols venus en masse couvrir un forum sur le partenariat entre le Maroc et l'UE, il plaidait pour une nouvelle collaboration assurant le développement de la filière de la pêche au Maroc grâce au savoir-faire des Européens. El Youssoufi voulait en finir avec le régime des royalties (125 millions euros annuels en échange du droit de pêche via une flotte conséquente de 430 bateaux). Malgré une pression de la part du gouvernement de droite de José Maria Aznar, notamment sur le dossier des migrants marocains dans ce pays, le Premier ministre a tenu bon. Et même lorsqu'il avait quitté la primature en octobre 2002, les bateaux européens n'ont été autorisés à pêcher dans les eaux marocaines qu'en 2007 et uniquement sur la zone atlantique y compris le Sahara occidental. Leur nombre s'était en outre considérablement réduit : de 430, il a chuté à 119 seulement.