En attendant le scrutin présidentiel au Nigeria (février 2019), la question de l'adhésion ou non du Maroc à la CEDEAO devient le cheval de bataille de certains opposants au deuxième mandat de Buhari. C'est le cas de l'avocat Femi Falana. Au Nigeria, l'opposition à l'adhésion du Maroc à la CEDEAO ne faiblit pas. Après les syndicalistes, les anciens diplomates et le patronat, un célèbre avocat et acteur politique au pays de Muhammadu Buhari vient de rallier ce camp. Dans un réquisitoire, Femi Falana a ainsi mis en garde la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) contre les conséquences d'une admission du royaume, soulignant que ce serait une décision «contre-productive». L'avocat avance que la requête du royaume obéirait à un agenda de l'Union européenne, tendant à «inonder le marché de la sous-région africaine de produits, détruisant ainsi les jeunes industries dans tout ouest-africain». «Le Maroc et la nouvelle politique européenne dans la région» Femi Falana estime que la demande marocaine s'inscrit dans la nouvelle politique de l'UE de «recoloniser les Etats de la Communauté» lancée après l'échec de ses tentatives précédentes. Au terme de son intervention, Falana est allé jusqu'à trancher sur le fait que les Etats de la CEDEAO n'aient «rien à gagner de l'adhésion du Maroc». Une thèse déjà développée par le président de l'association des diplomates retraités, Oladapo Fafowora, lors d'une conférence organisée en février dernier à Abuja, sur les défis de la diplomatie nigériane et marquée par la présence du vice-président de la république, Yemi Osinbajo. Cette idée rejoint également l'argumentaire développé en septembre 2017 par Frank Udemba Jacobs, président de la Manufacturers Association of Nigeria (fondée en 1971), lors de l'assemblée général de son organisation. Ce dernier avait indiqué que l'admission du Maroc à la CEDEAO finirait par ouvrir le marché nigérian, fort de plus de 186 millions de consommateurs et le plus grand dans la région, aux produits européens. L'intervention de Femi Falana dans ce dossier ne constitue pas une surprise. En effet, ce défenseur des droits humains est connu pour son opposition au gouvernement Buhari. Par ailleurs, il nourrit des ambitions présidentielles. Il a d'ailleurs déploré que les Nigérians aient à choisir, lors du scrutin du 16 février 2019, entre le président sortant et Atiku Aboubaker, ancien vice-président de 1999 à 2007. En 2007, Femi Falana avait échoué à être à la tête du gouvernorat de l'Etat d'Ekiti (ouest du Nigeria), sous les couleurs de la plateforme National Conscience Party (NCP).