Au Nigéria, les opposants à l'admission du Maroc à la CEDEAO poursuivent leur campagne de mobilisation. Néanmoins, le royaume a désormais l'appui de l'une des personnalités les plus influentes du pays : l'émir de Kano, un adepte de la Tariqa Tijania et ancien gouverneur de la Banque centrale. A un mois du sommet de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), prévu le 16 décembre à Lomé, au Togo, les opposants nigérians à l'adhésion du Maroc au groupement régional passent à la vitesse supérieure. Cette fois, ils se sont tous donnés rendez-vous à la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants pour une réunion consacrée à l'examen des conséquences d'une telle intégration sur leurs pays, rapporte un média à Abuja. Sur un ton alarmiste, l'ancien directeur général du Nigeria Institute of International Affairs (NIIA), Bola Akinterinwa, a mis en garde contre la «désintégration du Nigéria si le Maroc est autorisé à rejoindre la CEDEAO». Et d'avancer que le royaume est l'un «des pays les plus corrompus dans le monde selon l'index de la corruption», une allusion au rapport de Transparency International. Or, dans le dernier classement établi par l'ONG, le Maroc occupe la 90e place sur un total de 176 pays, quand le Nigéria occupe la 136e place. L'émir de Kano appui la requête marocaine Bola n'a d'ailleurs pas été le seul à jouer les Cassandre au cours de la rencontre. Un avocat a en effet estimé, dans son réquisitoire, que l'économie nigériane serait affectée par l'admission de Rabat à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest. Même son de cloche auprès du vice-président de l'Association des anciens diplomates, véritable fer de lance des opposants aux ambitions du royaume. Heureusement, au Nigéria, ces voix hostiles n'occupent pas à elles seules la scène médiatique. Muhammadu Sanusi II, l'émir de Kano, région à majorité musulmane sunnite, appuie la demande marocaine. Considéré comme l'une des personnalités les plus influentes du pays, il a affirmé, dans une interview accordée au magazine African Report, que «l'adhésion du Maroc à la CEDEAO sera bénéfique pour le Maroc et les pays de l'Afrique de l'Ouest». Outre son autorité religieuse, l'émir a également un pouvoir financier. Sous la présidence de Jonathan Goodluck, il était le gouverneur de la Banque centrale. C'est sans compter que cet adepte de la confrérie Tijania approuve particulièrement les projets d'énergie verte lancés par le roi Mohammed VI.