L'adhésion du royaume à la CEDEAO, acceptée «en principe», fait couler beaucoup d'encre. Et pour cause, tous les pays ne sont pas convaincus, plus particulièrement le Nigéria. C'est en tout cas ce que semble avancer Bloomberg dans un article publié ce matin. Détails. Le Maroc va faire face à des difficultés potentielles quant à son adhésion à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). C'est ce qu'indique ce lundi le groupe financier spécialisé dans les services aux professionnels des marchés financiers et l'information économique et financière, Bloomberg dans un article paru ce matin. D'après le groupe américain, ces obstacles viendraient de certains pays de la communauté africaine, le Nigéria en l'occurrence. Bloomberg cite, dans ce sens, Geoffrey Onyeama, ministre nigérian des Affaires étrangères. Il rappelle que le chef de la diplomatie nigériane a déclaré que la CEDEAO étudie les répercussions de l'admission du Maroc après sa demande pour rejoindre l'organisation. «Le principe, bien sûr, est celui de la non-hostilité envers le Maroc», a-t-il formulé lors d'une interview dans la capitale nigériane, Abuja, le 20 juillet dernier. Le ministre d'ajouter : «Il n'y a pas d'inimitié qui signifierait une réponse négative immédiate et automatique à une telle demande. Celle-ci doit cependant être examinée davantage, ainsi que toute ses ramifications techniques.» Pourtant, le 4 juin dernier, à l'occasion du sommet de la CEDEAO, et ce alors même que le Nigéria n'a pas compté sur une délégation importante pour le représenter à cette manifestation, la demande d'adhésion du Maroc à ce regroupement régional a été accordée «en principe». La réunion qui s'est tenue dans la capitale libérienne, Monrovia, avait mis à l'ordre du jour la demande du Maroc. «Nous aurions préféré avoir l'occasion de discuter en interne mais elle (l'occasion, ndlr) n'a pas été donnée par le secrétariat de la CEDEAO», déplore Geoffrey Onyeama. Les leaders ouest-africains ont ainsi «donné leur accord de principe pour l'adhésion du Royaume du Maroc à la CEDEAO, eu égard aux liens forts et multidimensionnels de coopération» qui lient le Maroc aux Etats de cette organisation. D'ailleurs, la conférence a instruit la commission de la CEDEAO d'examiner les implications d'une telle adhésion conformément aux dispositions du traité révisé de la CEDEAO et de soumettre les résultats à sa prochaine session. Des lobbies nigérians à l'origine de cette opposition De ce fait, Bloomberg relate que «plusieurs groupes de pressions nigérians, y compris une organisation d'ambassadeurs à la retraite, exercent une pression sur le gouvernement nigérian pour rejeter l'application». Un rejet qui serait nourri par le conflit sur le Sahara occidental qui dure depuis des décennies, mais aussi par la position géographique du royaume qui, d'après eux, n'est pas intégré dans la partie ouest du continent. Rappelons que le Nigéria, lui, reconnaît la «RASD». Ces groupes de pressions ne sont pas les seuls bâtons dans les roues du Maroc dans sa course à cette adhésion. Effectivement, en mars dernier, Marcel de Souza, président de la commission de la CEDEAO, ne semblait pas «enthousiaste» quant au projet du royaume. Il a ainsi développé une série d'arguments pour étayer sa position, allant même jusqu'à parler d'un «problème». «C'est que nous allons nous heurter au texte de l'Union africaine qui a divisé le continent en cinq régions comme Commission économique régionale», avait-il déclaré. Avant de soumettre une autre alternative, à défaut d'une adhésion complète à la CEDEAO : «Nous allons mettre au point une commission paritaire pour que dans un mois et demi nous puissions signer un accord de partenariat économique déclarant le Maroc en tant qu'associé privilégié.»