L'été rime avec chaleur et il n'est pas aisé de travailler sous une température élevée. Les ouvriers musulmans de Catalogne, particulièrement les Marocains, en sont conscients. A quelques jours du Ramadan, ils négocient un ajustement des horaires de travail pour faire l'équilibre entre leur emploi et la religion, apprend-t-on auprès d'El Periodico de Cataluña. La foi de plusieurs personnes, notamment ces ouvriers, sera mise à rude épreuve durant le Ramadan. En effet au cours de ce mois sacré, les fidèles ne doivent ni boire ni manger avant le coucher du soleil. A partir du week-end prochain, le labeur de ces ouvriers « sera beaucoup plus difficile », reconnait un groupe de maçons marocains. Non seulement parce qu'il faut continuer à travailler avec près de 14 heures de soleil et de chaleur, mais aussi avec un estomac vide, sans pouvoir manger ni se rafraîchir. L'avènement du mois béni a donc conduit des centaines de travailleurs de confession musulmane, seuls ou avec la médiation d'associations et de syndicats, à rechercher des ajustements de leurs horaires de travail. C'est le cas des bâtisseurs marocains rencontrés par El Periodico. « Aujourd'hui, avec la chaleur qu'il fait, une carafe de huit litres d'eau ne tient pas une duré de 40 minutes. Imaginez qu'avec le jeûne, on ne peut pas boire », a déclaré Salim, l'un des maçons. Rendre l'activité possible sous la forte chaleur, tel est leur objectif. Dans le même sens, l'imam de la mosquée centrale de Madrid et président de l'Union des communautés islamiques d'Espagne (UCIDE), le Syrien Riay Tatary Bakry a lancé hier mardi, un appel aux patrons espagnols. Selon El Periodico, il leurs demande de permettre aux employés musulmans de finir à temps la journée de labeur afin qu'ils puissent être avec leurs familles au moment de rompre le jeûne. Des syndicats comme les Commissions ouvrières (CC.OO) et l'Association des Amis du peuple marocain, sont intervenus auprès des sociétés afin de parvenir à des accords sur la fixation d'horaires compatibles avec la pratique religieuse. « Nous avons veillé à ce que les gens qui travaillent la nuit, passent dans des équipes de jour », a déclaré Mohamed Alami, président de l'association précitée. « Une majorité d'entreprises a consenti, certaines se trouvent dans l'impossibilité de répondre favorablement à notre demande et une minorité a refusé catégoriquement tout changement », a-t-il ajouté. Pourtant la loi est claire en la matière. Toujours selon le journal El Periodico, un accord de coopération entre l'Etat et la Commission Islamique d'Espagne a été signé en 1992. Il prévoit pour les entrepreneurs, sous réserve de récupération, le respect des préceptes stricts et les horaires liés au mois de jeûne du Ramadan de tout employé musulman. En d'autres termes, les musulmans pendant le Ramadan ont le droit de finir leur labeur une heure avant l'heure normale, en échange de la récupération ultérieurement de ce temps de travail. La non application de ce principe n'est pas correcte. « Ce qui n'est pas raisonnable est qu'il existe une loi espagnole, signée par le roi d'Espagne, (...) qui ne s'applique pas », dénonce Taoufik Cheddadi, expert en théologie islamique. D'après le journal El Periodico, la Catalogne compte environ 80 000 travailleurs de confession musulmane.