Le même jour choisi par les armateurs espagnols pour plaider, depuis Dakhla, le renouvellement de l'accord de pêche, des agriculteurs européens lancent une campagne contre la tomate du Maroc. Hasard du calendrier ? Les tomates produites au Maroc envahissent-elles le marché de l'Union européenne ? C'est du moins ce qu'estime le «Groupe de contact de la tomate», qui réunit les producteurs français, italiens et espagnols. Les représentants des trois pays se sont donnés rendez-vous, vendredi 16 février à Alicante (sud-est), pour examiner la «montée en flèche» des importations en provenance du Maroc, indique la publication en ligne La Verdad. Des diplomates français, italiens et espagnols ont également assisté à la rencontre. A l'issue de la réunion, les participants ont convenu de «demander à la Commission européenne qu'elle applique l'arrêt [de la CJUE] qui exclut les produits du territoire sahraoui de l'accord commercial préférentiel entre l'Union européenne et le Maroc», a expliqué Fernando Gómez, directeur de l'Association des producteurs-exportateurs de fruits et légumes de la région de Murcie (PROEXPOT). Oui au poisson du Sahara occidental, non à la tomate Ils appellent Bruxelles à «établir des contrôles sur les importations, d'autant qu'elles sont à l'origine d'un grave déséquilibre entre l'offre et la demande et cause une baisse drastique des prix, ainsi qu'une perte de la rentabilité dans les productions européennes». Alors que le «Groupe de contact de la tomate» accusait depuis Alicante la tomate marocaine de tous les maux, les armateurs espagnols se réunissaient le même jour à Dakhla avec leurs homologues marocains pour défendre la pêche du poisson du Sahara occidental. Des représentants des professionnels espagnols présents lors de la réunion ont mis en garde contre les conséquences d'un arrêt, prévu le 27 février, de la Cour de justice de l'Union européenne invalidant le traité de pêche de 2014. Le 10 janvier, le procureur général de la Cour avait conseillé l'annulation de l'accord. Entre les producteurs de tomate européens et les bénéficiaires de la pêche du poisson marocain, la balance penche largement en faveur des premiers. En décembre 2011, la plénière du Parlement européen avait rejeté la prorogation de l'accord de pêche entre le royaume et l'UE d'une année supplémentaire, par 326 voix contre 296 et 58 abstentions. A l'époque, la CJUE ne jouait pas le premier rôle ; seuls les lobbys agricoles avaient réussi à convaincre les eurodéputés de voter en faveur de leurs intérêts. Article modifié le 19/02/2018 à 12h00