La Coordination des organisations des agriculteurs et des éleveurs en Espagne (CAOG) et le Polisario ont décidé d'unir leurs forces pour interdire l'accès aux marchés des Vingt-sept aux produits agricoles marocains originaires du Sahara. Dans sa guerre pour l'application du verdict de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), le Polisario a reçu l'appui d'un acteur déterminant en Espagne, indique aujourd'hui l'agence Europa Press. La Coordination des organisateurs des agriculteurs et des éleveurs (COAG) et la représentante du Front à Madrid, Kheira Boulahi, ont convenu de mener des actions conjointes visant à interdire l'accès au marché des Vingt-sept de tous les produits agricoles marocains issus du Sahara occidental. La COAG s'est dite opposée à toute décision de l'UE qui ne soit pas conforme à l'arrêté de la CJUE du 21 décembre 2016, ajoute la même source. Le collectif professionnel invite par ailleurs Bruxelles à accorder aux consommateurs le droit de choisir, et ce en étiquetant les produits originaires du Sahara. Des intérêts mercantiles à l'origine Dans son réquisitoire contre le royaume, la Coordination estime que les importations agricoles marocaines relève d'une «concurrence déloyale» pour les producteurs européens. La COAG appelle même la Commission européenne à «enquêter d'urgence sur les dommages causés en vue de corriger cette situation». L'objectif étant de soutirer davantage d'aides et de compensations aux agriculteurs espagnols, présentés comme les principales victimes du démantèlement tarifaire progressif douanier entre le Maroc et l'UE, entamé en 2000. La position de la COAG est conforme à la ligne adoptée depuis des années par la Coordination des organisations d'agriculteurs et d'éleveurs en Espagne. Celle-ci avait dénoncé en novembre 2012 l'accord agricole conclu entre Rabat et Bruxelles à cause, justement, de l'intégration des produits du Sahara dans le protocole. Le collectif avait salué le verdict de la CJUE du 21 décembre. Si la COAG a décidé d'unir ses forces à celles du Polisario en vue de fermer les marchés de l'UE aux exportations marocaines issues du Sahara et de bénéficier de la situation en jouant les remplaçants, les armateurs espagnols ne partagent pas la même opinion : ils souhaitent un renouvellement de l'accord de pêche qui expirera au premier semestre de 2018.