A douze jours de la proclamation de l'arrêt de la CJUE sur l'accord de pêche, la Suède annonce son opposition au renouvellement du traité de 2014 entre le Maroc et l'UE. En 2011, Stockholm avait adopté la même position. Le gouvernement suédois votera contre l'ouverture de négociations avec le Maroc pour le renouvellement de l'accord de pêche qui arrivera à échéance le 14 juillet prochain. Stockholm estime que le feu vert sollicité, début janvier, par la Commission européenne ne serait pas «conforme aux exigences de la loi internationale». Cette décision est prise alors que seulement douze jours nous séparent du très attendu arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne sur la validité du protocole de pêche de 2014. Le 10 janvier, le procureur général de la CJUE s'est prononcé pour l'annulation de l'actuel accord. Les médias du Polisario jubilent à cette annonce. Néanmoins, l'exécutif suédois a tenu à préciser que son rejet ne constitue pas une nouveauté. Et de rappeler le précédent de 2011. Le double jeu de Stockholm Le gouvernement suédois, alors dirigé par une coalition de partis de droite, s'était opposé à la proposition de la Commission européenne d'initier des rounds de négociations avec le royaume sur le dossier de la Pêche exclusivement dans les eaux du Sahara. Pour mémoire, le Royaume-Uni, l'Autriche, la Finlande, le Danemark, Chypre et Pays-Bas avaient opté également pour le refus de la suggestion de la Commissaire européenne chargée de la pêche, Maria Damanaki. Cette position exprimée par Stockholm ne signifie en aucun que les autorités suédoises interdisent au secteur privé de travailler au Sahara occidental. Une position dénoncée par des ONG pro-Polisario. En témoigne, le communiqué de la «Western Sahara Resource Watch», publié en octobre dernier, qui cite les noms de quelques entreprises suédoises engagées aux côtés de sociétés marocaines ayant des projets au Sahara dans l'extraction des phosphates, la fourniture de produits pétroliers et la pêche. Dans la liste de WSRW figure également un tour opérateur qui promeut le kit-surf à Dakhla. L'ONG avait, par ailleurs, déploré le silence du gouvernement Stefan Löfven et l'exhorté «à conseiller aux entreprises de ne pas s'engager dans le territoire». Si la Suède, pour des raisons, s'opposera au renouvellement de l'accord de pêche, le Danemark y est en revanche fortement favorable. Le pays presse pour avoir sa part du gâteau. Le traité de 2014 conclu entre Rabat et Bruxelles autorise 120 navires de 11 Etats membres de l'Union (Espagne, Portugal, Italie, France, Allemagne, Lituanie, Lettonie, Pays-Bas, Irlande, Pologne et Royaume-Uni) à pêcher uniquement dans les eaux atlantiques du royaume y compris le Sahara. La compensation financière a atteint les 30 millions d'euros par an répartis comme suivant : 16 millions € destinés à indemniser le Maroc pour l'accès à ses ressources et 14 millions € consacrés à soutenir le secteur de la pêche dans le pays.