Sahara Forcing du lobby polisarien sur les phosphates Réda Taoujni : «La diplomatie officielle marocaine ne peut faire face à l'action de cette association». (Suite de la Une) Le lobby du Polisario ne chôme pas. Le cabinet de lobbying «Independent diplomat» de Carne Ross justifie amplement ses honoraires estimés à quelque 500.000 dollars. Cette fois, la machine du Front s'attaque au fleuron de l'économie marocaine : le phosphate. Anticipant une opération de rachat de la firme Potash par le groupe anglo-australien BHP Billiton, une association, Western Sahara Resource Watch (WSRW, basée en Norvège) tente de peser sur la conclusion de l'OPA. …Dans une lettre publiée par le quotidien britannique «The Guardian» et adressée à Marius Kloppers, Président directeur général de BHP Billiton, WSRW lui demande «de mettre un terme à l'exportation des phosphates de la région par Potash Corp, dans l'éventualité où BHP Billiton en prendrait le contrôle. WSRW accuse Potash Corp, la plus grande entreprise d'engrais du monde, de soutenir fortement le régime marocain qui occupe une grande partie du Sahara depuis 35 ans». Le but principal du lobby du Polisario est de convaincre le management de BHP Billiton de se retirer définitivement du Sahara en cas de succès de l'OPA. Le forcing du lobby du Polisario ne s'est pas limité à la seule missive sus-mentionnée. Dans ses déclarations au Guardian, Sara Eyckmans, coordinatrice internationale de WSRW, compte demander «une réunion urgente à BHP pour discuter de la manière dont Potash exporte le phosphate du Sahara depuis des décennies. Nous espérons et nous attendons que tout acquéreur s'attaque à ce problème». En attendant de savoir si l'OPA hostile de BHP Billiton sur le Canadien Potash corporation, se concrétise ou non, cette affaire remet en question certains «succès» présentés par les officiels marocains comme de grandes conquêtes diplomatiques. Comme c'est la cas avec le retrait de quatre pays des Caraïbes de leurs reconnaissance de la RASD. Bien qu'irréaliste, un hypothétique départ de BHP Billiton du Sahara serait synonyme de grosses pertes pour l'OCP et à coup sûr pour l'économe marocaine. «Il est navrant de constater que le Maroc ne fait rien pour contrecarrer l'action de l'association Western Sahara Resource Watch qui s'est fait une spécialité : bloquer tout investissement au Sahara et elle compte plusieurs succès sur ce registre», déclare au Soir échos, Réda Taoujni, le président de l'Association Sahara marocain. «La diplomatie officielle ne peut faire face à l'action de cette ONG. Son pouvoir est d'ailleurs plus fort», poursuit notre interlocuteur. Taoujni ne manque pas de lancer un appel à l'Etat marocain pour que ce dernier soutienne «les associations marocaines afin de contrer les projets de Western Sahara Resource Watch et de faire la promotion des investissements au Sahara». «Cette association est financée, en premier, par le gouvernement norvégien et par les différentes subventions que versent des associations européennes sans oublier les autorités algériennes», souligne Réda Taoujni. Selon des estimations de WSRW, publiées d'ailleurs par The Guardian, Potash corporation a payé jusqu'à 500 millions de dollars pour les phosphates du Sahara au cours des deux dernières décennies. Chiffre difficile à vérifier mais comme dans toute guerre l'annonce prime souvent sur la vérité. Pressions politiques Parfaitement en phase avec les positions du gouvernement norvégien, Western Sahara Resource Watch, mène tambour battant une campagne auprès de grands investisseurs les incitant à mettre fin à leurs projets au Sahara. C'est la devise de cette ONG norvégienne. Bien avant le forcing sur les phosphates, l'accord de pêche, qui expire en 2011, a subi le forcing de WSRW et des relais au sein du parlement européen. Même si les services juridiques de la Commission européenne ont validé l'accord de 2007, les discussions pour son renouvellement, avant qu'elles ne commencent, sont déjà sujettes à des pressions de la part du lobby propolisario au Parlement européen, lequel exige des autorités marocaines, la présentation d'un document attestant que l'accord de pêche bénéficie à la population du Sahara. Une exigence qui ne peut que constituer une violation de la souveraineté marocaine sur les provinces du Sud.