Mohamed Réda Taoujni affirme que la démocratie est la seule solution au Sahara. Le président de l'Association le Sahara Marocain (ASM) ajoute que le Polisario ne peut prétendre représenter les Sahraouis. ALM : Quel regard portez-vous sur la situation actuelle à Laâyoune ? Mohamed Réda Taoujni : On est en train de récolter ce qu'on a semé durant de longues années. C'est la cause à la gestion sécuritaire, mais aussi à une certaine gestion anarchique avec ses faux élus et ses fausses notabilités. On est en quelque sorte en train de perpétuer l'héritage de Basri et sa gestion catastrophique de ce dossier. Il y a aussi, si j'ose dire, une certaine gestion mafieuse et des détournements qui se sont faits au nom du Sahara. Je me pose la question sur ce qui a été fait par exemple pour les camps. De plus, tous les gros investissements, en majorité en immobilier, n'ont pas tenu compte de la particularité des populations, nomades à l'origine. Des gens se sont enrichis sans rien investir en retour et ils sont plus protégés que nos parlementaires! Malheureusement, l'Etat a laissé faire. Pour ce qui est de ces événements, on ne peut pas dire que la démocratie a favorisé la tension, mais plutôt la presse et les médias avec le soutien d'un Polisario fort diplomatiquement face à une diplomatie marocaine très faible. Allez voir ce qui se passe au Parlement européen à Bruxelles du fait d'un petit groupe de Polisariens. Quel commentaire faites-vous de la décision royale de consulter les partis politiques autour de la question du Sahara ? Se concerter avec les partis politiques est une décision majeure même si les partis n'ont pas la confiance de la majorité des Marocains. Moi, je serai plutôt pour un référendum impliquant tous les Marocains, de Tanger à Lagouira. L'autonomie n'est pas sans danger pour le Maroc. Sur le plan opérationnel, elle est pratiquement impossible vu les diversités et les rivalités entre les grandes tribus du Sahara, voire entre les fractions de chaque tribu. Je suis pour une régionalisation appliquée à tout le Maroc sachant que cela marchera aussi difficilement au Sahara à cause du tribalisme. Pour tout dire, la solution est un Maroc fort et d'abord par sa démocratie. Dans tous les cas, il y aura un perdant et j'espère que ce ne sera pas le lot du Maroc. Sa Majesté le Roi a décidé aussi de donner un plus grand rôle au Conseil consultatif des affaires des régions du Sahara. Qu'en pensez-vous ? C'est une initiative très importante. Mais à condition, là encore, qu'y soient désignés des gens honnêtes. Ce conseil peut être le meilleur soutien à Sa Majesté le Roi pour ses décisions concernant le Sahara. Il ne faut pas oublier non plus cette grande vérité qui dérange et le Polisario et l'Algérie : le problème n'est nullement maroco-sahraoui, mais bien maroco-polisarien et maroco-algérien. Le Polisario ne sera jamais le représentant des Sahraouis.