La visite du ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, au Maroc entre dans le cadre des efforts diplomatiques déployés par le gouvernement espagnol afin de débloquer le dossier de l'affaire du Sahara marocain. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a reçu, hier au Palais royal de Tanger, le ministre espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Angel Moratinos, qui était accompagné de l'ambassadeur de son pays à Rabat, Luis Planas Puchadas Alvaro Iranzo, directeur général de la Politique extérieure pour la Méditerranée, le Proche-Orient et l'Afrique au ministère espagnol des Affaires étrangères. L'audience s'est déroulée en présence de MM. Mohamed Benaïssa, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération et Taib Fassi Fihri, ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération. Il s'agit de la troisième visite que le chef de la diplomatie espagnole effectue au Maroc depuis l'arrivée du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) au pouvoir en Espagne, il y a six mois. Une fréquence qui prouve la volonté du Maroc et de l'Espagne d'intensifier leurs efforts afin de rattraper le temps perdu. Rappelons que la crise diplomatique qui a marqué les relations entre les deux Royaumes durant les quatre dernières années sous le gouvernement du Populaire, José Maria Aznar, avait bloqué le processus de rapprochement entre les deux pays et qui avait été initié par son prédécesseur. Un processus qui reprend aujourd'hui avec des objectifs encore plus ambitieux après l'avènement de José Luis Rodriguez Zapatero. Parmi les questions sur lesquelles les deux pays ont entamé une sérieuse concertation figure la question du Sahara marocain. La volonté affichée par Zapatero et ses proches collaborateurs en politique étrangère d'abandonner la politique dite de "neutralité passive" adoptée par son prédécesseur sur ce dossier en faveur d'une "diplomatie active" visant à sortir le dossier de l'impasse et à insuffler une nouvelle dynamique au processus de recherche d'une solution à ce conflit artificiel. "L'action du gouvernement espagnol, que ce soit au niveau du Premier ministre ou de celui du ministre des Affaires étrangères, depuis notre victoire électorale et la prise de fonction, a été de ne pas négliger une seule semaine pour débloquer un dossier, qui est à notre avis, vital pour le futur du Maghreb et pour le futur des rapports entre l'Union européenne et le Maghreb", a-t-il dit déclaré à la MAP hier à Tanger. Cette action s'est d'ailleurs manifestée dans le ballet diplomatique initié par le gouvernement espagnol entre Rabat, Alger et Tindouf. Ainsi, si Moratinos a effectué trois visites au Maroc et une en Algérie, la secrétaire d'Etat chargée de la Coopération internationale, Leire Pajin, s'est déplacée à deux reprises à Tindouf et a effectué une visite au Maroc. Ainsi, la diplomatie espagnole est en train de jouer un rôle très important dans la recherche d'une solution pour la question du Sahara. Dans ce ballet diplomatique, Leire Pajin, la ministre espagnole la plus jeune de l'histoire de la démocratie espagnole, joue l'un des rôles les plus importants et les plus sensibles, à savoir convaincre les dirigeants du Polisario d'accepter le plan Zapatero pour le règlement de la question du Sahara. Un plan qui consiste, rappelons-le, à l'initiation de négociations entre les deux parties pour mettre au point un cadre juridique pour l'application d'une large autonomie au Sahara sous la souveraineté du Maroc, soumettre ce "statut" au référendum et le faire entériner par la suite par les Nations-Unies. Aujourd'hui, le dynamisme de la jeune ministre Pajin commence à donner ses fruits. La stratégie choisie par la secrétaire d'Etat espagnole d'éviter les canaux traditionnels qui passaient par l'Algérie et d'aller négocier directement avec les séparatistes à Tindouf a permis d'avancer dans la voie du déblocage du dossier. C'est pour cela, qu'aujourd'hui, certaines voix représentant le lobby des Polisariens installés à l'étranger, qui sont les plus opposés à toute solution du conflit artificiel pour des intérêts personnels, commencent à s'attaquer à l'excellent travail effectué par Pajin. Ce lobby constitué essentiellement par les représentants du Polisario en Espagne et les présidents des associations dites de "soutien au peuple sahraoui" a entamé une campagne contre la jeune ministre l'accusant d'avoir trahi le Polisario. "De l'amie des Sahraouis à la messagère chargée de dompter la RASD", lisait-on dans un journal espagnol proche du Parti Populaire citant des sources proches de Mohamed Abdelaziz. En fait, il s'agit de Brahim Ghali, le représentant du Polisario à Madrid qui se charge, entre autres, de la gestion et de la fructification de la fortune de Mohamed Abdelaziz en Espagne. Toutefois, et malgré cette campagne, tout semble indiquer que l'offensive diplomatique espagnole est en train de faire réussir le pari du président du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, de débloquer le dossier avant la fin de l'année.