Le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, a défendu, mercredi 21 mars, le projet d'autonomie des provinces du sud face au parti populaire espagnol, qui exige toujours un référendum. Le projet d'autonomie du Sahara suscite de très bons échos auprès de la diplomatie étrangère. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a déclaré, mercredi, que ce projet présente de grandes chances pour favoriser «le dialogue et la négociation entre les parties concernées sans conditions préalables». Au cours d'un débat au Parlement, M. Moratinos a estimé que le projet marocain fait avancer le traitement du dossier au sein des Nations Unies où il pourrait «créer une dynamique». Pour cela, il faudra, estime le ministre espagnol, que le Conseil de sécurité de l'ONU élargisse sa vision du règlement du dossier, lors de sa session d'avril. Durant celle-ci, le Conseil de sécurité ne devrait, donc, pas seulement se prononcer sur le renouvellement du mandat de la Minurso, mais aussi «exhorter» les parties à négocier. Le chef de la diplomatie espagnole a tenu, par la même occasion, à rappeler la position de l'Espagne par rapport au projet d'autonomie. Il a souligné qu'il s'agissait là d'une opportunité pour «la négociation directe» et l'ouverture du dialogue. M. Moratinos répondait ainsi au Congrès, au Sénat et aux leaders du Parti populaire (PP) au sujet de l'appui au plan d'autonomie. Un soutien exprimé, selon eux, par le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, au cours de sa dernière visite à Rabat, et dont l'annonce aurait coûté à l'Espagne la hausse du prix du gaz algérien. Le règlement du dossier du Sahara, pour le sénateur PP, Josep Piqué, ancien ministre espagnol des Affaires étrangères sous le gouvernement Aznar, devrait faire l'objet d'un référendum. M. Piqué estime que c'est une «condition sine qua non» pour résoudre le conflit du Sahara. Une opinion que ne partage pas, en effet, M. Moratinos qui, lui, insiste sur la nécessité du dialogue et de la voie pacifique devant mener à la résolution de ce conflit. Et de préciser, à propos du droit à l'autodétermination, que la défense de ce dernier «ne préjuge pas du résultat de son application ou de la prédisposition en faveur d'une des modalités d'application». Selon le chef de la diplomatie espagnole, ce principe ne dépend que des Nations Unies et des parties concernées. Et de réitérer, de nouveau, que le gouvernement espagnol soutient «le dialogue entre les parties dans le cadre des Nations Unies (…) pour aboutir à une solution définitive basée sur des formules viables et mutuellement acceptables par les parties et qui respectent la légalité internationale». Au Congrès des députés, le Parti populaire a reproché à M. Moratinos l'abandon de la «politique de neutralité active» au sujet du Sahara et de pencher en faveur du Maroc. Face à ces reproches, M. Moratinos a affirmé que son gouvernement n'avait «aucune leçon à recevoir en relation avec le Sahara» et que, vis-à-vis d'un conflit qui dure depuis de longues années, l'Espagne ne pouvait plus rester «neutre». Un soutien confirmé également par la Colombie. Mardi 20 mars à Bogota, le vice-ministre et ministre colombien des Affaires étrangères par intérim, Camilo Reyes, a indiqué, à l'issue d'un entretien avec les émissaires royaux, Mohamed Benaïssa, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, et Khalli Henna Ould Errachid, président du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), que son pays «soutient les efforts visant à trouver une solution définitive» au différend dans la région. Dans une motion adoptée à l'unanimité, le 13 mars dernier, lors d'une séance plénière, la Chambre des représentants de la Colombie a déclaré son «appui à la proposition de SM le Roi Mohammed VI visant à octroyer une large autonomie aux provinces du Sud du Royaume dans le cadre de sa souveraineté nationale pour mettre fin au différend régional». La délégation marocaine a également présenté la proposition d'autonomie à José Obdulio Gaviria, Premier conseiller politique du président Alavaro Uriba à qui elle a remis un message de SM le Roi Mohammed VI adressé au chef de l'Etat colombien.